Les ratages internationaux de Barack Obama
Le formidable enthousiasme suscité par l’élection de Barack Obama est largement retombé. Dès 2008, nous étions quelques-uns à mettre en garde contre les espoirs excessifs suscités par son élection. Barack Obama n’avait pas de baguette magique, et il allait avant tout défendre l’intérêt national américain. Il ne fallait donc pas attendre qu’il résolve tous les problèmes auxquels le monde était confronté. Mais force est de constater qu’au cours de son mandat, Barack Obama a été, sur le plan international, en deçà de ce qu’on aurait pu raisonnablement attendre de lui.
Certes, il doit composer avec un Congrès qui, depuis deux ans, lui met des bâtons dans les roues. Mais outre le fait que ce n’est pas la première fois qu’un président américain se retrouve devant ce cas de figure, cela ne doit pas faire oublier qu’il n’a pas été jusqu’au bout de ses marges d’action au cours des deux premières années de son mandat, lorsque le Congrès lui était plus favorable.
La fermeture de Guantanamo était vue comme un symbole fort d’un changement d’époque où les États-Unis foulaient aux pieds les principes moraux qu’ils revendiquaient. Si le nombre de détenus a été réduit, Guantanamo reste ouvert et constitue à la fois une tache sur le discours américain à propos des valeurs et un ferment de la dénonciation des États-Unis et de l ’Occident. Fort heureusement, le recours à la torture, rendue légale par George W. Bush, a pris fin.
C’est sur le Proche-Orient que le président américain a le plus déçu. Son discours du Caire avait ouvert une autre voie dans la réconciliation entre les États-Unis et le monde musulman. Mais il a dû mettre sous le boisseau ses demandes d’arrêt de la colonisation des Territoires palestiniens par Israël. La paix entre les Palestiniens et Israël n’a pas avancé d’un pas. Benyamin Netanyahou, qui a gagné une épreuve de force contre le président américain, continue au quotidien sa politique de fait accompli dont de nombreux observateurs estiment qu’elle rend désormais impossible la perspective matérielle d’une paix basée sur la solution des deux États. Le tout alors que Barack Obama est jugé trop tiède dans son soutien à Israël ! Les États-Unis sont moins impopulaires dans le monde musulman que sous George W. Bush mais la déception grandit notamment du fait de l’impuissance volontaire à l’égard d’Israël… Les États-Unis ont toutefois été assez pragmatiques pour ne pas couper les ponts avec les nouveaux pouvoirs issus du « printemps arabe ».
Le retrait d’Irak entamé par George Bush s’est poursuivi et celui d’Afghanistan a été entrepris. Mais sur ces deux dossiers, il est difficile de voir une différence entre George W. Bush dans son deuxième mandat et Barack Obama dans son premier.
Accusé de faiblesse par ses adversaires, Barack Obama peut se targuer d’avoir mis hors d’état de nuire Oussama Ben Laden. Il a par ailleurs eu un recours intensif aux exécutions ciblées grâce à des drones, dont il faut encore déterminer si elles sont payantes stratégiquement. Elles sont en tous les cas dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme, principales déçues d’Obama.
La politique de main tendue du président des États-Unis à l’Iran n’a pas porté ses fruits, même si elle a certainement déstabilisé le régime qui aurait dû perdre les élections de 2009 si elles avaient été loyales. Barack Obama est devant le même dilemme que George W. Bush face à la Chine. Elle n’est pas un partenaire mais pas non plus un adversaire.
La politique de « reset » avec Moscou a échoué. En grande partie parce que Obama, après avoir annoncé qu’il allait mettre fin au programme de défense antimissile, a, probablement en cédant au complexe militaro-industriel, décidé de le poursuivre. Les contraintes budgétaires n’ont guère fait souffrir ce complexe militaro-industriel bien plus puissant qu’au moment où Eisenhower en dénonçait le poids en 1960, en pleine guerre froide. Le prix Nobel de la paix était manifestement prématuré!
Mais si Barack Obama a déçu, Mitt Romney est franchement inquiétant. Il semble nostalgique d’une époque où les États-Unis dominaient le monde et pouvaient avoir l’illusion de fixer l’agenda international. Cette époque est largement révolue. Mitt Romney ne s’en rend pas compte et il est tout à fait prêt à se lancer dans une politique de confrontation avec Moscou, la Chine, les pays musulmans et l’Iran qui ferait presque passer le premier mandat de George W. Bush comme un modèle de modération.
Barack Obama a guéri peu de plaies mais n’a pas aggravé le mal. Mitt Romney serait un danger en risquant de lancer le pays dans une politique de confrontation qui fera souffrir tout le monde, États-Unis inclus.