Mali : Une guerre et des questions
C’est inscrit depuis longtemps. Il faut rappeler que cette affaire du Mali traîne depuis plus d’un an. On l’a vue monter en puissance. Personne ne peut dire que la France a agi dans l’impréparation puisqu’elle a fait voter deux résolutions, la 20/71, mais aussi la 20/85 adoptée en décembre par le Conseil de sécurité, pour «la reconquête des territoires occupés au Mali». Après Tombouctou, nous rentrons maintenant dans la mise en œuvre de cette résolution 20/85. Le Président l’a annoncé. Mais on ne peut risquer les armées françaises dans le Nord d’un point de vue politique car on mettrait en porte-à-faux la résolution qu’on a fait voter. Cette même résolution définit une stratégie excellente qui consiste à distinguer les islamistes des mouvements rebelles. Le gouvernement malien, en discutant avec ces derniers, peut trouver une solution durable. Il est important qu’il traite lui-même le problème de l’autonomie touareg.
Il y aura des capacités françaises au Nord, des avions de reconnaissance, des avions qui viendront appuyer les offensives terrestres et certainement des forces spéciales pour confirmer des renseignements. Mais il faudra que les forces africaines de la CEDEAO arrivent en première ligne. Certes, si des groupes islamistes étaient repérés et identifiés, ils seraient «frappés». Il nous faut fournir l’appui aux troupes terrestres de la communauté africaine qui ne bénéficient pas de nos moyens. Une fois de plus, c’est conforme à ce qui était prévu au départ : si les islamistes n’avaient pas attaqué Bamako avec ses 6 000 ressortissants français, il n’y aurait pas de soldats français à Tombouctou.
Ils sont remontés sur le reste du territoire en dehors de la zone, principalement sur les reliefs entrecoupés propices à la vie secrète que sont les montagnes situées au nord-est de Kidal. Les islamistes doivent se trouver aussi dans les villes et villages des environs parce qu’il faut bien qu’ils s’approvisionnent. Le problème est qu’ils peuvent aussi s’infiltrer du côté du Niger et, ultérieurement, vers l’Algérie qui n’arrive pas à tenir son immense frontière.
Quand on parle de soutien financier, il faut savoir à quelles fins. Je ne crois pas qu’il y ait une ligne budgétaire dévolue au remboursement des frais occasionnés à la France par cette nécessité d’intervention. Il s’agit plutôt de financer la formation des troupes maliennes, leur équipement, les diverses actions de reconstruction et le fonctionnement des armées de la CEDEAO. Il y a aussi l’armement. Le Japon donne comme Chypre. Tout cela va vers le Mali car on ne rembourse pas la France de ses frais.
Les Tchadiens, très efficaces, sont déjà en place, tout comme les Nigeriens. Quelques éléments du contingent nigérian de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) sont arrivés. D’autres doivent venir. Le Burkina, le Sénégal, le Togo, Nigeria et Tchad vont conforter les rangs de l’armée africaine. Au total, on pourra compter 3 300 soldats. Le Burkina Faso accueille déjà quelques avions et des hélicos Il y a bien un renforcement mais toutes ces forces n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, ne parlent pas la même langue, n’ont pas de procédures communes. Tout cela risque d’être très difficile et la question est de savoir si le commandement pourra gérer cette situation. C’est pour cela qu’on appelle souvent l’Otan au secours avec ses états-majors permanents qui connaissent tout de la hiérarchie et de la logistique militaires.
Sur ces sujets, je n’ai pas d’informations précises. En tout état de cause, je pense qu’il ne peut s’agir d’actes organisés à grande échelle. Il est vraisemblable que cet aspect-là doit être creusé. Il y a eu un massacre d’officiers militaires maliens. Reste à savoir si ce massacre n’a pas été suivi de tentatives de vengeance.