Pourquoi la Corée du Nord multiplie les provocations
Ces menaces se situent dans la continuité du lot de provocations -essai nucléaire, lancement de fusée…- des derniers mois. On peut penser que la feuille de route de Pyongyang prévoit aujourd’hui de s’adapter à la nouvelle équipe diplomatique en place aux Etats-Unis et à la nouvelle administration de Corée du Sud, avec l’arrivée de la présidente Park Geun-hye. Et donc de les tester en allant le plus loin possible dans la provocation, mais sans dépasser les bornes de l’acceptable. D’où ces menaces inédites contre les Etats-Unis sur le plan verbal.
Sur le plan intérieur, il s’agit aussi de montrer que même si Kim Jong-un est un dirigeant jeune et moins charismatique que son père Kim Jong-il ou que son grand-père Kim Il-sung, il peut être défiant vis-à-vis de la communauté internationale et développer un nucléaire plus puissant. Cette logique de provocations prouve donc que le régime est fort et bien là. Et, de manière implicite, que ce n’est pas la peine pour les Nord-Coréens de vouloir s’inspirer de l’ouverture en Birmanie ou du printemps arabe.
Non. Elle n’a réalisé jusqu’à présent qu’un seul test de missile balistique intercontinental. Ce n’est pas assez pour atteindre les Etats-Unis sur le continent nord-américain. Eventuellement, Hawaï et la base américaine sur l’île de Guam sont à portée de tir. Mais les Nord-Coréens savent très bien qu’une telle attaque entraînerait une réponse militaire immédiate et que la survie même du régime serait en jeu.
Pour insister sur sa résolution à ne rien lâcher en cas de reprise des négociations sur le nucléaire et instiller le doute dans l’esprit des Etats-Unis, mais aussi de la Chine ou de la Russie. A force d’entendre le régime de Pyonyang affirmer qu’il va attaquer, ils pourraient finir par penser qu’il va réellement le faire un jour. Cela ressemble à un pari des deux côtés. Mais il est plus difficile à assumer par celui qui pourrait être attaqué.
Celle d’une attaque militaire, même minime. Le bombardement d’une possession sud-coréenne (comme celui de l’île de Yeonpyeong le 23 novembre 2010) ou la présence de sous-marins nord-coréens dans les eaux territoriales sud-coréennes ne passeraient plus aujourd’hui. Des tirs d’obus au-delà de la DMZ , la ligne de démarcation, également. Ils entraîneraient à coup sûr une riposte militaire sud-coréenne, voire américaine,
Pas grand-chose. Le régime nord-coréen est toujours en phase de consolidation intérieure. Il ne faut pas attendre d’assouplissement avant la fin de l’année, voire le début 2014. Kim Jong-un aura alors passé le cap des deux ans au pouvoir. Il pourra à ce moment se montrer plus souple. Mais il ne faut pas non plus se faire d’illusions. Certes, son objectif final restera sa réhabilitation dans le concert des nations en transformant l’armistice de 1953 en accord de paix en bonne et due forme. Mais avec le minimum de concessions.