«La Corée du Nord est contrainte d’en rester au stade du bluff»
La Corée du Nord est encore montée dans l’escalade des menaces en mettant en garde les étrangers sur son sol et en Corée du Sud. Directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Jean-Vincent Brisset analyse pour Metro ce cycle de tensions qui semble ne pas vouloir finir.
Je crois que le régime est contraint d’en rester au stade du bluff. Pyongyang n’a vraiment aucun intérêt à aller à un conflit qui serait rapidement réglé. La Corée du Nord ne pourra pas envoyer plus d’un ou deux missiles avant que le Sud et son allié américain ne ripostent. Or, eux ont les moyens d’agir directement contre le pouvoir nord-coréen, comme ils l’ont fait en Libye contre Kadhafi, en ciblant directement ses palais.
Pyongyang était certainement partie dans l’idée d’aller à des négociations, comme c’est le cas d’habitude : la Corée du Nord promet un apaisement en échange d’aides, notamment alimentaires. Cela permet au régime de triompher sur le plan intérieur, en affirmant que les Etats-Unis ont reculé devant la menace. Cette année particulièrement, Kim Jong-un, qui vient d’arriver au pouvoir, gesticule beaucoup pour se donner du volume. Sauf que pas de chance, cette fois Washington ne joue pas le jeu, pensant avoir les moyens de gérer la crise et estimant qu’il n’y a pas de réel danger. En réagissant ainsi, ils tentent de déstabiliser le régime, et entraînent surtout la diplomatie chinoise sur un terrain qu’elle n’aime pas.
En Corée du Sud, la nouvelle présidente s’est montrée ferme et elle réagira certainement à tout acte hostile de Pyongyang. Mais si elle le fait, ce sera en accord avec son allié américain. En revanche, au Nord, on ne peut pas écarter le risque qu’un fou furieux envoie un missile sur Séoul, qui se trouve à leur portée. Ou qu’un bidasse fatigué ne fasse tout dégénérer avec un acte isolé.