ANALYSES

Syrie : le Pape, combien de divisions?

Presse
11 septembre 2013

La boutade est d’une autre époque. Elle n’a rien à voir avec la crise syrienne d’aujourd’hui. Elle a été inventée et prononcée dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Son auteur, Staline, est mort, en 1953. Le pays qu’il dirigeait, l’Union soviétique a disparu. Le pape dont il était question, Pie XII est décédé depuis plus de soixante ans.


Mais le petit État qu’il dirigeait de façon monarchique, le Saint Siège, est toujours là. Son titulaire actuel, François, a quelques dizaines de gardes suisses pour assurer la sécurité de son territoire. François n’a pas plus que Pie XII, son lointain prédécesseur, de gros moyens militaires. Mais comme lui il parle, et sa parole sans recours à la toile dispose d’un réseau efficace reposant sur la "téléphonie arabe", le bouche à oreille de milliers de religieux répartis sur tous les continents. La force du Vatican est là. Elle combine de façon performante un logiciel éthique s’appuyant sur un "matériel" humain omniprésent.


Cette technologie d’une autre époque peut-elle avoir une incidence sur les crises du monde, et plus particulièrement celle aujourd’hui de Syrie? Staline avait été contraint de reconnaître l’influence des divisions virtuelles du Christ, qu’il soit catholique ou orthodoxe, en cours de conflit avec l’Allemagne nazie. D’autres régimes aspirant à la direction exclusive des esprits ont du, de Chine au Salvador en passant par Cuba et l’Afrique du sud, composer avec les hommes d’Eglises. François, le Pape surprise élu en avril dernier, a dit son mot, à plusieurs reprises sur la crise syrienne.


Il a écrit à Vladimir Poutine, qui accueillait le G-20 à Saint-Petersbourg pour lui dire combien il regrettait au sujet du conflit syrien, "il n’ait pas été possible de trouver une solution permettant d’éviter le massacre inutile auquel on assiste". "La population syrienne" poursuit-il, "a besoin de paix et non de nouvelles souffrances". Et il a conclu en signalant son attente "d’une voie permettant de surmonter les points de vue opposés en présence et d’abandonner la vaine prétention d’une solution militaire". Soucieux de donner un contenu concret à cet appel, le Pape François, a mobilisé l’Eglise (catholique) incitée à la prière collective pour la paix en Syrie.


Cette recommandation a effectivement été mise en pratique. Dés le 25 août le Pape "avait élevé la voix pour que cesse le bruit des armes", en Syrie, dans une guerre "entre frères", où se multiplient "les actes atroces". Le 28 août il a reçu le Roi Abdallah II de Jordanie, souverain musulman et arabe partageant ses convictions. Le 1er septembre le Pape a condamné "avec une fermeté particulière" l’utilisation d’armes chimiques, et en a conclu "que la guerre appelle la guerre", invitant à "des initiatives claires basées sur le dialogue et la négociation".


La Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), a le 3 septembre appelé chaque catholique américain à contacter ses congressistes et sénateurs pour leur demander de voter contre la résolution proposée aux élus par le Président Barak Obama. Le Secrétaire du Saint Siège aux relations avec les États, Mgr. Dominique Mamberti, a communiqué le 5 septembre aux 71 ambassadeurs accrédités auprès du Vatican, "l’horreur que représente l’utilisation présumée d’armes chimiques", et l’urgence de "la négociation" et "d’une claire initiative en faveur de la paix en Syrie".

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