« Internet est devenu une terre de djihad »
Même s’ils viennent d’un pays en ruine, les chebab manient parfaitement les nouveaux outils de communication. Ils sont très branchés internet. Ils ont compris depuis longtemps l’intérêt d’avoir une page Facebook, de tweeter… L’intérêt, pour eux, est multiple : il leur permet, tout d’abord, de faire connaître leurs actions et de coordonner leurs opérations. Il leur permet, ensuite, de donner une dimension véritablement internationale à leur organisation en attirant de nouvelles recrues vivant à l’étranger. On parle d’ailleurs d’un Finlandais, de trois Américains et d’une Britannique. Là encore, ça n’a rien d’étonnant. Le terrorisme islamiste se joue des frontières et des nationalités. Un des chefs chebab s’appelait d’ailleurs al-Ameriki, un Américain fils d’un couple mixte syro-américain, élevé aux États-Unis.
Ils coordonnent leurs actions grâce à leurs smartphones. De plus, il faut savoir que les chebab sont très légalistes. Ils ne se perçoivent pas comme des terroristes mais comme des combattants chargés de punir les infidèles. Ils les jugent donc et attendent les ordres de leur chef pour les exécuter ou non.
Effectivement. Il y a une forme de surenchère entre groupes terroristes, d’où la publicité qu’ils donnent à leurs actions. Twitter leur sert, on l’a vu là encore, à défier leurs adversaires. Ils savent aussi que, pour qu’elle ait un impact maximum, la cible choisie doit concerner des Occidentaux et l’attaque être médiatisée au maximum. Pendant la prise d’otages au Westgate Mall, une église a été attaquée au Pakistan et 70 chrétiens tués. Ce terrible massacre n’a eu que peu d’écho médiatique…
Oui, mais les islamistes en créent sans cesse de nouveaux. Les personnes qui les suivent et qui relaient leurs informations se passent immédiatement les nouvelles cordonnées. Ainsi le compte ©intel retweete-t-il des informations diffusées par al-Qaïda. Il faut cependant être initié pour savoir où lire les véritables tweets djihadistes. D’une manière générale, le processus pour pouvoir le faire est très lent, il permet aux djihadistes de s’assurer de l’engagement de ceux qui les suivent et, dans un second temps, de leur faire rejoindre le terrain.
Si je devais donner un ordre d’idée, je dirais que parmi ceux qui les suivent sur le net, on compte 95% de chariots, 2% de policiers chargés de surveiller ces sites et 3% de candidats potentiels au combat.