« Le principal risque est celui de la collision aérienne »
La décision de la Chine relève du fait accompli, une décision unilatérale par excellence. En même temps, il faut bien faire la part des choses. Lorsqu’un pays détermine, comme vient de le faire la Chine, une zone d’identification (ADIZ Air Defense Identification zone NDLR), il ne s’arroge pas un titre de propriété. Il détermine un périmètre à l’intérieur duquel les autorités veulent savoir ce qui se passe et identifier les comportements hostiles. Ce « glacis » aérien est une zone de contrôle qui peut empiéter sur celle établie par un pays voisin, comme il en existe entre la Grèce et la Turquie. Ou en Corée quand Séoul veut savoir ce qui se trouve dans le ciel de son voisin du Nord. Cette fois, la carte publiée montre que la zone d’identification va bien au-delà des limites de l’archipel des Senkaku-Diaoyu. D’où la protestation de la Corée du Sud, inquiète qu’une partie de cet espace empiète sur le sien.
C’est là que la situation se complique car l’espace aérien situé au-dessus de la partie identifiée comme japonaise des Senkaku-Diaoyu est naturellement territoire japonais, auparavant géré par les Américains. A l’intérieur de l’Adiz. Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense a fait savoir qu’il continuerait à mener les opérations militaires de la même manière qu’aujourd’hui.
Il y a d’abord, comme dans le cas des eaux territoriales, le risque de collision. Il faut se souvenir de l’affaire en 2001 de l’avion américain intercepté un peu brutalement par un chasseur chinois alors qu’il était dans une zone internationale. Les deux avions s’étaient touchés, forçant l’américain à atterrir d’urgence à Hainan. La crise diplomatique n’était pas loin. Cette fois, si des aviateurs américains périssent, il y aura crise. Un autre aspect mérite d’être souligné. A la décharge des Chinois, le fait de déterminer une zone d’identification peut signifier qu’ils s’en tiennent au niveau du contrôle sans en revendiquer la propriété. Cette décision est moins grave sur le plan du droit international que la commune de Sansha et de sa garnison. Cette création imposée en 2012 englobe la quasi-totalité de la mer de Chine du Sud et ressemble bien davantage à une prise de possession.