Sotchi. Des JO pas que sportifs
Pour Vladimir Poutine, les Jeux olympiques qui s’ouvrent ce soir, à Sotchi, ne se placent pas sur le seul terrain sportif. C’est, pour le président russe, un événement géopolitique de premier ordre, comme l’explique Pascal Boniface, directeur de l’Iris, l’Institut de relations internationales et stratégiques.
Dès la fin des Jeux de Londres, j’avais parié que la question du boycott de Sotchi serait posée. C’est une position récurrente de personnes qui ne connaissent pas le monde du sport. Ce sont des intellectuels ou des politiques qui demandent aux sportifs de boycotter alors qu’eux-mêmes ne demandent pas de cesser les relations commerciales, politiques ou culturelles. Il y a beaucoup d’hypocrisie. Par ailleurs, le sport est universel. On ne peut pas organiser des compétitions seulement entre pays qui ont le même régime.
Oui, parce que Poutine y accorde une très grande importance. Certainement qu’il attendait plus en matière de représentation que la seule présence de la ministre des Sports, même si on est à un niveau classique de représentation. La France et la Russie auront toujours des relations parce qu’elles ont besoin l’une de l’autre. Mais c’est sûr que cela ne va pas les favoriser.
Oui. Pour lui, ce n’est pas seulement un événement sportif, c’est un événement géopolitique. Sur le plan intérieur, des Jeux réussis seront un avantage politique pour Poutine car il fera ainsi la démonstration à la population russe que sa politique paie et que la Russie est de retour. Poutine sait en plus très bien jouer de la fibre patriotique des Russes. Ils sont fiers de recevoir les Jeux.
Ce ne sont pas les Jeux olympiques qui vont transformer la Russie en démocratie helvétique. Mais Poutine a quand même été obligé de lâcher un peu de lest en accélérant certaines libérations prévues car les pressions internationales ont été fortes.
C’est par petites touches que les choses évolueront. Le débat est un peu ouvert sur cette question désormais. Il peut y avoir une prise de conscience. Mais ce qu’il faut bien voir, c’est que Poutine reflète l’opinion majoritaire aujourd’hui en Russie sur cette question.