ANALYSES

Visite de Hollande : « Entre la France et les Etats-Unis, le ciel est dégagé »

Presse
12 février 2014

Depuis l’arrivée de François Hollande aux Etats-Unis lundi, Barack Obama est aux petits soins. Du voyage à bord d’Air Force One à l’accueil en grande pompe à la Maison-Blanche, avant un fastueux dîner mardi soir, le président américain fait à son hôte tous les honneurs d’une (rare) visite d’Etat. Et au cours de leurs allocutions mardi, les deux n’ont eu de cesse de souligner les liens privilégiés qui unissent les deux pays. Barack Obama a d’ailleurs annoncé qu’il se rendrait en Normandie en juin pour le 70e anniversaire du Débarquement des forces alliées. Historien spécialiste des Etats-Unis, Thomas Snégaroff analyse et remet en perspective ces relations pour metronews .


Barack Obama et François Hollande revendiquent "une relation personnelle de qualité". Est-ce vraiment le cas ?



Il faut garder à l’esprit que le président américain, malgré son image "cool" aux yeux du public, est quelqu’un d’assez froid et distant. Il accorde difficilement sa confiance. Et avec François Hollande, ils ne se connaissent pas très bien : ils s’étaient déjà rencontrés mais à l’occasion de sommets, dans des moments tendus de négociations. Cette visite d’Etat est donc une rencontre, l’occasion pour eux de mieux se connaître. Quoi qu’il en soit, ils ont raison d’insister sur les relations personnelles entre les chefs d’Etat, qui sont plus importantes qu’on ne le croit souvent dans la diplomatie.


Et où en est la relation entre les deux pays ?



C’est une relation complexe, de "je t’aime moi non plus", alternant les pics de tension et les périodes d’amitié. Avec De Gaulle, puis lors du déclenchement de la guerre en Irak en 2003, nous étions dans des périodes de tension. De même avec Nicolas Sarkozy qui, bien que passant pour un ami des Etats-Unis, s’était attaqué assez durement à eux quand la crise a éclaté, en pointant du doigt leur responsabilité. Aujourd’hui, le ciel est dégagé. La France est suffisamment forte pour "partager le fardeau" des Etats-Unis sur la scène internationale, par exemple au Mali, mais pas suffisamment pour s’opposer vraiment à eux. Or ce sont les deux conditions pour bien s’entendre avec Washington. C’est aussi une relation asymétrique.


Ce qui n’a pas empêché un sérieux "french bashing" ces dernières semaines…



Les Américains ont en effet une mauvaise image de la France sur le plan économique. Ils estiment que nous souffrons de trop de taxes, trop de bureaucratie, trop d’Etat. Cela ne pose pas de problème au niveau commercial, mais peut en poser pour les investissements. Or il ne faut pas oublier que les Américains sont à l’origine d’un quart des emplois créés par des investissements étrangers en France. Il faut donc les rassurer, et c’est l’objectif de François Hollande durant ce voyage. Quand on sait que là-bas, beaucoup pensent que nous payons tous 75% d’impôts, il dispose d’une bonne marge pour lever les malentendus.

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