Où en est la défense européenne ?
Où en est la politique de sécurité et de défense de l’UE ?
Il faut souligner la mise en place de structures dédiées à partir de la fin des années 90 :
– Le Comité militaire de l’Union européenne (CMUE) est l’enceinte de consultation et de coopération militaire entre les Etats membres dans le domaine de la prévention des conflits et de la gestion des crises. Il est composé par les chefs d’état-major des armées et fournit au Comité politique et de sécurité (COPS) des recommandations et des avis sur les questions militaires.
– Le Comité politique et de sécurité (COPS) contribue à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Il joue notamment un rôle central dans la définition et le suivi des réponses de l’UE en cas de crise. Il est composé de 28 diplomates qui ont rang d’ambassadeur.
– L’Etat-major de l’Union européenne (EMUE) regroupe environ 200 militaires dont les principales missions sont : l’alerte stratégique, l’évaluation de situation et la planification stratégique. L’EMUE est la source de l’expertise militaire de l’Europe.
– L’Agence européenne de défense (AED), créée en 2004, a pour objectif de soutenir les efforts de défense de l’UE. Ses missions vont du développement des capacités militaires européennes jusqu’à la réalisation de programmes d’armement (encore à l’état de projet).
A noter que ces différentes structures ont été calquées sur celles de l’Otan.
Sans oublier la stratégie européenne de sécurité, un document qui clarifie la stratégie de sécurité de l’UE. Rédigé en 2003, il vise à mieux identifier les menaces, à définir les objectifs stratégiques de l’Union européenne et à dégager les implications politiques pour l’Europe.
On ne peut pas dire qu’il n’y ait pas de politique commune sur ce sujet : depuis 2003, l’Union européenne a lancé une trentaine de missions et opérations de paix contribuant à la stabilisation et la sécurité en Europe et au niveau international : l’opération Artémis au Congo (2003), l’opération Althéa en Bosnie-Herzégovine (2004), la mission Atalanta dans le golfe d’Aden (2008)…
On reproche parfois à l’Europe de ne pas lancer d’opérations majeures. De fait, il s’agit majoritairement de missions et opérations où les moyens civils sont plus importants que les moyens militaires.
D’une part, les 28 Etats membres ne sont pas toujours d’accord sur la nécessité d’intervenir et/ou sur la façon d’intervenir. La raison est simple : les différents pays n’ont pas les mêmes intérêts géostratégiques. La crise ukrainienne illustre bien cette difficulté, qu’on retrouve d’ailleurs au sein de l’Otan.
D’autre part, la faiblesse des moyens militaires de l’Europe est aussi un handicap pour l’UE. Depuis 25 ans et la fin de la guerre froide, les budgets militaires européens diminuent. De plus, en adoptant le traité de Lisbonne, les Etats membres se sont autolimités en confiant toutes les missions de sécurité collective à l’Otan.
Humainement, cela semble irréalisable dans la mesure où il faudrait homogénéiser les différentes armées européennes. Cela supposerait un équipement commun (sans doute le point le moins compliqué à mettre en place), les mêmes conditions d’embauche et d’emploi, que les soldats parlent la même langue, qu’il y ait un chef des armées etc.
En revanche, il est tout à fait possible que les pays membres de l’Union européenne coordonnent leurs actions en matière de sécurité et de défense – cette politique est d’ailleurs en cours. On pourrait par exemple imaginer que les Allemands assurent notre sécurité aérienne si l’armée de l’air française devait se déployer à l’étranger.
Les résultats de cette politique peuvent paraître limités. Le Conseil européen de décembre dernier était consacré aux questions de défense. Ce qui témoigne d’une réelle volonté de progresser sur cette thématique. En outre, par rapport aux résultats de l’Otan, la politique de sécurité et de défense de l’UE est loin d’être ridicule.
Tout cela est long à se mettre en place. Et la mise en place d’une telle politique ne dépend pas uniquement des gouvernements en place : il faut que les citoyens eux aussi soient partants.