Réviser avec la Coupe du Monde, c’est possible!
Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à l’institut d’études européennes de l’université Paris-VIII, développe depuis une vingtaine d’années une théorie géopolitique du sport, et particulièrement du football. Il vient de publier Géopolitique du Sport, aux éditions Armand Colin.
Il serait hypocrite de dire que le visionnage des matchs qui arrivent serait d’une aide précieuse pour les révisions, quel que soit l’examen dont il est question. C’est d’abord, et je pense que c’est important avant des épreuves, une manière de décompresser, de se détendre. Après, vous savez, tout est bon dans l’apprentissage. Et certains éléments du football peuvent être une aide supplémentaire, comme une manière annexe de réviser.
Je pense par exemple à ceux qui connaissent déjà les villes du Brésil via les noms de leurs clubs de football, ceux qui situent désormais, sur une carte, les stades retenus pour la compétition, ou encore ceux qui prennent conscience de la situation sociale difficile du pays.
Oui, effectivement. Le football fait partie intégrante de la société, et il est un formidable moyen de comprendre les contraintes sociales, les mouvements géopolitiques, les ressorts économiques d’un pays. Mais à ce sujet, je trouve qu’il y a tout de même eu, ces dernières années, des améliorations. On retrouve par exemple aujourd’hui des épisodes qui touchent au football, ou surtout aux Jeux Olympiques dans les manuels d’histoire ; ce qui n’était pas le cas il y a une quinzaine d’années.
Le football est un sport, et un sport populaire. Ce qui, en France, suffit traditionnellement à en faire un objet de mépris, un objet déclassé. J’ai pu particulièrement m’en rendre compte en 1997 lorsque j’ai émis le souhait d’écrire sur le football et les relations internationales. On m’a rapidement répondu, avec dédain, qu’on ne pouvait pas tout mélanger. Malgré quelques figures qui étaient de véritables fans de football, comme Albert Camus, il y a toujours cette distance bien française – car ce n’est pas le cas en Angleterre – des élites intellectuelles vis-à-vis des sports populaires. A cela s’ajoute aujourd’hui une notion de jalousie car c’est un monde qui concentre l’attention médiatique et qui génère énormément, sûrement trop, d’argent.