Nucléaire iranien: « Il y a une réelle volonté d’avancer »
Quand l’Iran a relancé son programme nucléaire, au milieu des années 1980, l’objectif était d’obtenir l’arme atomique. A l’époque, le pays était en guerre contre l’Irak de Saddam Hussein (de septembre 1980 à août 1988) et souhaitait avoir une force de dissuasion.
Aux termes de l’accord provisoire du 24 novembre 2013, Téhéran a cessé l’enrichissement de l’uranium à 20% (un taux à partir duquel l’utilisation militaire commence à devenir réaliste, 90% étant le seuil nécessaire pour acquérir l’arme nucléaire), mais continue l’enrichissement à 5%, suffisant pour un usage civil. Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en date du 20 février 2014, le stock iranien d’uranium enrichi à 20% aurait diminué, passant de 196 kg en novembre 2013 à 161 kg en janvier 2014.
Quelles sont les véritables intentions de Téhéran ? Nous n’en savons rien. Manifestement, l’Iran souhaite aboutir à un accord qui donne des garanties aux Occidentaux que son programme nucléaire n’a pas de visée militaire. Tout le problème repose sur une question de confiance.
D’un côté comme de l’autre, il y a clairement une volonté d’avancer. D’une part, comme je l’indiquais plus tôt, l’Iran a arrêté l’enrichissement de l’uranium à 20%. D’autre part, les Occidentaux ont levé certaines sanctions qui étouffent l’économie de Téhéran (en pesant notamment sur ses exportations pétrolières, ndlr)
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Chaque jour, l’Iran et les Etats-Unis, qui ont des relations exécrables depuis 35 ans, se font un peu plus confiance. A ce titre, la première rencontre officielle, lundi 9 juin, entre représentants iraniens et américains hors des séances de négociations avec le groupe 5+1 sur ce dossier est hautement symbolique – même si des rencontres officieuses avaient déjà eu lieu.
Effectivement. L’Iran est dans une logique maximaliste : Téhéran posséderait quelque 19 000 centrifugeuses (les appareils réalisant l’enrichissement d’uranium). Les Occidentaux s’inquiètent d’un programme aussi ambitieux et veulent abaisser le nombre de centrifugeuses opérationnelles à 5 000, alors que l’Iran voudrait en conserver davantage.
Autre problème : la centrale d’Arak (à 290 km au sud-ouest de Téhéran, ndlr). Cet équipement utilise la filière du plutonium, qui pourrait servir à fabriquer une bombe atomique. Or, il semblerait que l’Iran ait accepté de ralentir sa construction. Au final, je pense sincèrement que ces différents obstacles ne sont pas infranchissables.
Le président Hassan Rohani doit en grande partie son élection (en juin 2013) à sa promesse de négocier sur le dossier du nucléaire afin d’aboutir à une levée des sanctions économiques. Il a obtenu carte blanche, même si, selon la Constitution iranienne, le Guide suprême Ali Khamenei a le dernier mot sur toutes les grandes questions. En outre, ce n’est plus le secrétaire général du Conseil suprême de sécurité nationale qui dirige les négociations, mais le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif nommé par Rohani.