Côte d’Ivoire, réconciliation et justice
L’arrestation de Laurent Gbagbo ne signifie pas la fin définitive de la crise ivoirienne, mais elle permet d’ouvrir un nouveau chapitre et de croire à une possible amélioration de la situation. Les conditions de son arrestation ont suscité une polémique sur le rôle que les forces françaises et onusiennes auraient joué. Elles auraient directement ou indirectement participé à l’opération aidant les forces d’Alassane Ouattara. Celui-ci est donc accusé par les partisans de Laurent Gbagbo d’avoir été installé au pouvoir par des forces militaires étrangères. Ce reproche est gênant pour le président élu de la Côte d’Ivoire. Il aurait été préférable qu’il puisse parvenir au pouvoir sans l’appui des forces internationales. Mais il aurait également été préférable que le suffrage universel soit respecté dès le départ. La situation n’est pas idéale mais de deux maux, il faut choisir le moindre et le maintien des violences en Côte d’Ivoire, voire la crainte qu’elles dégénèrent en guerre civile, était une perspective beaucoup plus sombre.
La première tâche d’Alassane Ouattara sera d’assurer la sécurité dans le pays et de travailler à la réconciliation des Ivoiriens. Gbagbo était minoritaire mais il avait des partisans. Ceux qui ont commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité doivent être jugés, mais il ne doit pas y avoir d’esprit de revanche à l’égard de tous ceux qui ont soutenu l’ancien président. La justice internationale devra aussi s’occuper des accusations de crime de guerre portées contre certaines troupes de Ouattara.
Au-delà du sort de la Côte d’Ivoire il y avait un test pour tout le continent africain. Les élections, autrefois une formalité décorative, sont désormais contestées. C’est une bonne chose. C’est une meilleure chose encore qu’elles soient respectées et que celui qui exerce le pouvoir soit celui qui les ait effectivement gagnées. C’est également un test pour les casques bleus. Les troupes onusiennes ont fait face aux provocations des milices de Laurent Gbagbo, elles ont tenu bon et fait respecter le mandat qui leur avait été donné par la communauté internationale.
L’avenir de la Côte d’Ivoire est encore incertain. Les difficultés politiques, économiques, sociales et sécuritaires sont nombreuses. Mais on a mis fin à la dégradation de la situation et la bonne direction semble être prise. L’espoir est de nouveau permis.