L'édito de Pascal Boniface

Quand Christophe Bourseiller, programmateur de Frédéric Taddeï, se prend les pieds dans le tapis.

Édito
4 mai 2011
Le point de vue de Pascal Boniface

Coup de fil de Christophe Bourseiller, qui me dit préparer pour l’émission « Ce soir ou jamais », un débat stratégique sur les empires. Il m’affirme avoir naturellement pensé à moi et qu’il serait ravi que je participe à l’émission. Je l’écoute, lui répond sur certains points et tout d’un coup me rend compte du mal entendu. « Désolé, je suis Pascal Boniface et non pas Gérard Challiand. » Un grand blanc s’ensuit, je sens mon interlocuteur aussi gêné que s’il venait de se rendre compte qu’il était sorti dans la rue sans avoir mis de pantalon. En fait, depuis que Christophe Bourseiller s’occupe de la programmation de « Ce soir ou jamais » je n’ai plus jamais été invité à cette émission où j’étais convié de temps en temps. À chaque sortie de livre soit sur le football, soit sur les questions internationales, les attachés de presse ont tenté leur chance en vain. Je sais que je suis blacklisté par certains journalistes à cause de mes positions sur le Proche-Orient. Mais Frédéric Taddeï a toujours su composer des plateaux extrêmement variés et son émission est certainement l’une des plus ouvertes et contradictoires du paf. À une responsable de communication qui lui avait demandé s’il y avait un problème à mon égard, Christophe Bourseiller avait nié. Au bout de deux ans de refus de m’inviter, je l’ai appelé et il m’a de nouveau assuré qu’il n’y avait aucune exclusive à mon encontre. N’empêche que cette déclaration n’a jamais été suivie d’aucune invitation. Il a donc une forte prévention à mon égard pour une raison que j’ignore. On comprend donc qu’il soit un peu mal à l’aise de sa confusion qui m’a beaucoup amusé.

Je ne revendique aucun droit à être invité à une émission. Chaque journaliste fait ses choix en toute indépendance. Par contre, je suis assez sensible au fait que certains me boycottent uniquement parce qu’il m’est arrivé de porter des critiques à l’égard du gouvernement israélien. On n’imagine pas que quelqu’un puisse être systématiquement écarté parce qu’il aurait critiqué les mouvements palestiniens. Autant je peux comprendre que quelqu’un qui pense que je ne sais pas expliquer les situations, que je m’exprime mal, que je n’ai pas une vision claire des choses, ne m’invite pas. Chacun est libre de me trouver pertinent ou non. Je comprends parfaitement que les radios communautaires ne se précipitent pas pour m’inviter, puisqu’elles ont parmi leurs priorités éditoriales la défense du gouvernement israélien. Que des animateurs, pour les mêmes raisons, sur le service public refusent de me convier pour ce motif est beaucoup plus gênant.

J’avais beaucoup plus de chance d’être sélectionné en équipe de France que d’être invité par Alain Finkielkraut sur son émission de France Culture. Je pourrais multiplier les exemples.

L’an dernier, lors de la crise entre les deux Corées, la responsable communication de l’Iris me dit que j’ai une invitation pour l’émission « Revu et corrigé » de Paul Amar. Il faut être présent en fin d’après-midi à France télévision le samedi. Cela ne m’arrange guère mais avec un taxi je calcule que je peux être rentré à temps pour le dîner prévu avec des amis. J’accepte d’autant plus que je me rappelle avoir été sollicité pour cette émission, pour être au final déprogrammé, pour des raisons que je crois deviner. Je dis donc à la responsable de la communication que j’accepte en étant à peu près certain d’être décommandé. Pari gagné ! Effectivement peu après la journaliste la rappelle en lui disant qu’ils ont changé d’approche et qu’ils ne vont pas aborder la question de la Corée lors de l’émission. Évidemment, cette question a été abordée, mais avec un autre invité. Une fois encore Paul Amar a mis son veto sur ma participation. Même pour parler de la Corée du Nord il faut avoir une position à ses yeux correcte sur Israël. Ceux qui préparent l’émission pensaient que j’avais des choses pertinentes à dire sur le sujet, mais il a mis son veto une fois de plus pour des raisons très contestables.

Tout ceci est assez amusant pour une émission qui se veut une analyse critique des médias. Le critère de choix des invités de Paul Amar pourrait être un vrai sujet pour une émission de critique des médias.
 


 

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