L'édito de Pascal Boniface

Mort de Kadhafi : point final à l’opération militaire en Libye ?

Édito
20 octobre 2011
Le point de vue de Pascal Boniface
La mort de Kadhafi met effectivement un point final à l’intervention militaire et à la guerre civile qui se menaient en Libye puisque, tant qu’il était vivant, il représentait une menace, même virtuelle. D’un autre côté, cela faisait longtemps qu’il était hors d’état de nuire car, dès qu’il avait quitté Tripoli, il n’avait plus les moyens de revenir au pouvoir. D’ailleurs, le rapport de force à partir du moment où l’OTAN est entré en guerre contre lui assurait que Kadhafi allait à sa perte.

L’Histoire a besoin de symboles, et sa mort en est un important : elle vient clôturer le chapitre de cette guerre civile libyenne et de l’installation au pouvoir du CNT. Mais, sur le fond, les problèmes posés par l’intervention militaire en Libye restent les mêmes. Les questions  de l’unité du CNT, de son avenir, de son rapport avec la transition démocratique, sont toujours d’actualité. On a à la fois les mêmes espoirs et les mêmes interrogations, avant ou après la mort de Kadhafi.

Kadhafi pouvait être le ciment qui venait renforcer l’unité de l’opposition ; ce ciment n’existe plus, mais la problématique de l’avenir politique de la Libye n’est pas réellement modifiée par sa disparition. De même que la problématique de la sécurité dans le Sahel ne l’est pas non plus parce qu’on peut dire que Kadhafi avait déjà été mis hors d’état de nuire depuis le début de la guerre civile : il n’avait plus les moyens de peser.

Egalement, on peut effectivement penser que sa mort est à la fois un avantage parce que cela évite un procès public, toujours problématique, qui aurait pu lui servir de tribune, et où il aurait pu mettre en accusation ses anciens alliés occidentaux et ses anciens subordonnés libyens, mais en même temps, le fait qu’il soit mort le fera passer, fût-ce pour une fraction minime de la population libyenne, pour un martyr. Il y a toujours le risque que l’on devienne plus important mort que vivant. C’est un peu le même genre de problématique que l’on a eu avec Ben Laden. Entre deux inconvénients, un procès public et ses aléas d’un côté et le fait de le tuer et en même temps de l’empêcher de s’exprimer de l’autre, on peut penser que c’est le deuxième qui a été choisi, car il a plus d’avantages, même s’il n’est pas tout à fait sans inconvénients.
Tous les éditos