13.12.2024
La politique étrangère, grande absente de la campagne électorale
Édito
25 avril 2012
La politique étrangère aura été jusqu’à ce jour la grande absente des débats autour de l’élection présidentielle. Pourtant les enjeux ne manquent pas : crise de la mondialisation, Europe en grande difficulté, sommet de l’OTAN qui se tiendra quelques jours après la prise de fonction du président, etc.
Nicolas Saroky, l’été le dernier, voulait faire la différence avec François Hollande sur les affaires stratégiques. Il comptait mettre en avant un bilan à son avantage (Libye, présidence des G20 et G8, Afghanistan) et insister sur le manque d’expérience de son concurrent socialiste.
Entretemps, la situation n’apparait plus aussi radieuse. Et la grande réforme de la gouvernance économique internationale annoncée n’est pas survenue.
En Afghanistan, loin d’établir une démocratie stable, on ne peut qu’espérer une sortie pas trop catastrophique. Le départ de Kadhafi est une bonne nouvelle, mais le bilan de sa chute pour la Libye (affrontements internes, tortures, violations des droits de l’homme) et pour la région (Mali), est lourd. Le concept de responsabilité de protéger, évoquée par la résolution 1973, a été mis à mal. Les Occidentaux l’ont abandonné pour privilégier le changement de régime. Cela explique partiellement le blocage sur la Syrie.
Hollande n’a pas un intérêt majeur à aller sur le terrain international. Il préfère développer les aspects économiques et sociaux. Ses partisans font remarquer qu’Obama était moins expérimenté que lui quand il a accédé à la Maison blanche.
L’étranger est présent dans la campagne, mais d’une drôle de façon. C’est des immigrés dont il est beaucoup question. Et également des musulmans, que certains responsables politiques voient comme étant toujours un peu étrangers à la France, même s’ils en ont la nationalité. Loin d’un débat sur les moyens pour la France de rayonner, dans un monde en recomposition, mais un discours d’exclusion.
Le monde regarde cette campagne et l’image de la France n’en est pas grandie, c’est le moins que l’on puisse dire. Bien sûr les pays africains et musulmans déplorent ce virage. Mais la presse des démocraties occidentales n’est guère plus tendre.
Quel qu’il soit, celui qui sera élu le 6 mai devra réparer les dégâts. Ce sera plus facile pour Hollande que pour Sarkozy.