13.12.2024
G8, Otan : François Hollande a réussi son test de crédibilité internationale
Édito
23 mai 2012
François Hollande a privilégié les questions économiques et sociales où il était plus à l’aise et dont les électeurs faisaient une priorité. Lors du débat qui a opposé les deux candidats entre les deux tours de l’élection, les journalistes ont traité les questions stratégiques en toute fin d’émission comme une figure imposée et pénible. Le tout a duré 10 minutes et a été centré sur deux sujets personnalisés : les soldats français en Afghanistan et les otages au Sahel. Rien sur la vision des candidats du rôle de la France dans le monde ou l’analyse des grandes mutations stratégiques en cours.
Mais à peine avait-il pris ses fonctions que François Hollande a été plongé directement dans le grand bain international. Nicolas Sarkozy, et certains de ses partisans, dressaient de lui un portrait peu amène disant qu’il n’avait pas la carrure pour remplir la fonction.
Les premiers pas de François Hollande ont prouvé l’inverse. La plupart des chefs d’État et des gouvernements avaient choisi de l’ignorer au cours de la campagne, indiquant en creux que Nicolas Sarkozy avait leur préférence. François Hollande aura été la vedette courtisée par les dirigeants politiques et la presse lors des sommets du G8 et de l’OTAN.
Cela est logique : la France reste un pays qui compte sur la scène internationale, l’aspect nouveauté, voire même inconnu, suscitait un élément de forte curiosité à l’égard du nouveau président français. Son comportement "normal" a plu. L’amitié que célèbrent sans cesse les chefs d’État du gouvernement lors de ces sommets est passagère et liée à l’exercice de la fonction. Les autres leaders savent que pour les cinq ans qui viennent c’est avec François Hollande qu’ils auront à traiter donc autant commencer de la meilleure manière. Ils l’ont de surcroit trouvé agréable.
On craignait que François Hollande soit isolé en Europe, notamment à propos de sa volonté de ne pas limiter les projets économiques à l’austérité (à laquelle Angela Merkel est attachée) mais également de travailler sur des programmes de relance.
C’est désormais Angela Merkel qui est isolée sur ce point, en Europe mais également au G8. Barak Obama sait que sa réélection de novembre 2012 se jouera principalement sur la situation économique des États-Unis. Si l’Europe s’enrhume, les États-Unis tousseront. Il y a donc un axe Hollande-Obama pour plaider en faveur de la relance.
Barak Obama est assez fin politique pour avoir compris qu’il ne pourra pas faire revenir François Hollande sur son engagement au retrait anticipé des troupes françaises en Afghanistan. Le président français aurait perdu sa crédibilité devant les électeurs appelés à retourner aux urnes pour élire des députés.
Il ne pouvait pas se dédire dès sa première sortie internationale, apparaissant céder à la première injonction américaine. Mais l’horizon fin 2012 ne concernera que les troupes combattantes et la France continuera à travailler et à financer la formation de la police et de l’armée afghane. Et François Hollande a lui aussi ménagé Barack Obama en n’évoquant pas publiquement d’opposition au programme de défense antimissile et en s’abstenant de dresser le constat ‒ pourtant patent ‒ d’échec de la guerre en Afghanistan.
Face aux États-Unis et un président dont qu’il ne peut que souhaiter la réélection, il a choisi de rester ferme sur ses positions sans faire de provocation. Cela a permis à la position française d’être entérinée, y compris par les partenaires qui avaient émis avant le sommet de l’OTAN, les plus vives réserves. François Hollande a donc réussi le premier test de crédibilité internationale. On peut parier qu’il s’intéressera de plus en plus à ces questions. La fonction fait l’organe.
En France, le président incarne le pays face au monde. François Mitterrand, dont François Hollande se réclame, avait en 1981 une expérience internationale surtout centrée sur ses relations au sein de l’Internationale Socialiste. Peu avant l’élection, il avait effectué un déplacement à l’étranger qu’on pouvait juger étrange : il s’était rendu en Chine (post maoïste en 1981 et qui n’avait rien d’un pays émergent) et en…Corée du Nord. Il fut pourtant, avec et après de Gaulle, le président qui a le plus marqué la diplomatie française.