04.11.2024
Peut-on critiquer BHL sans être taxé de fasciste ?
Édito
3 septembre 2012
Dans l’émission de Frédéric Taddeï, "Le tête-à-tête" diffusée le 25 août 2012, il se plaint de ceux qui disent du mal de ses productions : "Il y a un type, l’inventeur du ‘bonifascisme’, courant idéologique bien connu, qui s’appelle M. Boniface. Il fait une critique, je ne sais où, de mon film qu’il n’a pas vu."
Boniface, bonifascisme… Quel trait ! Dans la mesure où BHL emploie le terme fascisme à peu près 15 fois par article, il lui était difficile de résister à la tentation. Mais on aurait pu attendre d’un si brillant cerveau qu’il décortique un peu ce concept. En quoi consiste le "bonifascisme" ? Faut-il conclure que tous ceux qui critiquent BHL sont fascistes, puisque lui-même se déclare antifasciste ?
Le problème est que je ne suis en rien l’inventeur du "bonifascisme", et que ce terme avait été utilisé avant notre grand homme. En l’occurrence par des cercles d’extrême-droite pro-israéliens après la publication de mon livre "Est-il permis de critiquer Israël ?". BHL a de drôles de références, à défaut d’être lui-même drôle ou une référence.
Bernard-Henri Lévy parle d’un article "publié je ne sais où", mais il ne l’a pas lu lui-même. Car je n’ai pas critiqué le film "Le serment de Tobrouk" puisque je ne l’ai pas vu (comme d’ailleurs tous les Français sauf 1.475, sans doute un record mondial de bide au cinéma !). Ce que j’ai critiqué, c’est l’accueil dithyrambique de gens qui, souvent, n’avaient pas plus vu ce film que moi. Dans son entretien avec Taddeï, BHL se plaint "d’avoir un réseau impressionnant d’adversaires", dit ne pas comprendre "qu’on puisse parler de réseau BHL" et reconnaît avoir "quelques amis qui essaient un tout petit peu de faire digue contre la marée noire de l’horreur des insultes et des invectives qui accompagnent la sortie de chacun de [ses] livres et/ou de [ses] films."
Il inverse la cause et l’effet. C’est parce que le public ne peut plus supporter la promotion hollywoodienne de chacune de ses productions sur tous les médias de France et de Navarre (par des gens qui, généralement, n’ont pas lu le livre dont ils parlent) que les critiques à son encontre se multiplient. Quant à dire qu’il n’a pas de réseau, c’est effectivement à mourir de rire. Ils ont été démontés à plusieurs reprises. Je le fais moi-même dans mon livre "Les intellectuels faussaires" qui a tout de même été refusé par 14 éditeurs avant que les éditions Gawsewitch prennent le risque d’accepter.
Je devrais cependant être heureux d’être attaqué en public par BHL. Depuis une dizaine d’années, il ne le fait qu’en privé, dans des cercles communautaires restreints ou pour tenter d’exercer des pressions discrètes mais efficaces à mon encontre. Je suis prêt à avoir un débat public avec lui. Je ne crois cependant pas qu’il en ait le courage, tellement habitué à n’être confronté qu’à des zélateurs dévoués.
Je sens bien le mépris social que BHL a pour moi ("il y a un type…"). Il est vrai que nous ne sommes pas du même monde.
BHL avait à peine 20 ans que son père lui payait un journal pour qu’il fasse joujou et parler de lui. Au même âge, j’étais pion pour payer mes études. Ce n’est pas le même point de départ, mais cette expérience m’a été utile et m’a donné un sens du concret et des réalités qui apparemment échappe à notre philosophe rentier.
S’ils ne m’ont pas payé un journal, mes parents m’ont transmis des valeurs d’intégrité, d’honnêteté, de respect de la vérité et de la parole donnée. C’est un handicap dont manifestement BHL n’a pas été encombré par son éducation.