13.12.2024
Houria Bouteldja agressée par la LDJ : quand la violence est suivie d’un grand silence
Édito
29 octobre 2012
Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les médias et les responsables politiques n’ont pas la même réaction pour des faits comparables : un exemple tiré de l’actualité de la semaine le met en lumière de façon exemplaire.
Les faits : une personne se fait agresser physiquement dans une rue de Paris par un individu qui déverse sur elle un pot de peinture avant de s’enfuir. Fait aggravant, il s’agit d’une femme. L’agression est motivée par les idées qu’elle défend.
Cette agression d’une femme en plein Paris n’a donné lieu qu’à de très maigrelettes réactions médiatiques. À ma connaissance, aucune autorité publique, aucun responsable politique national ne lui a manifesté sa solidarité.
Cette personne, c’est Houria Bouteldja, leader du Parti des indigènes de la République. L’agresseur plus que probable est membre de la Ligue de défense juive, qui a posté une vidéo sur son site. Cette dernière s’est déjà signalée par des agressions contre Olivia Zemor et Jacob Cohen (ces deux dernières personnes étant par ailleurs d’origine juive, on peut se demander si cela est compté comme une agression antisémite).
Il ne s’agit pas ici de savoir si on est d’accord ou non avec les idées d’Houria Bouteldja, il s’agit de savoir s’il est inadmissible ou non d’user de la violence physique contre des idées.
Imaginons un instant qu’une responsable de l’Union des étudiants juifs de France se soit fait agresser de la même manière par des militants musulmans radicaux. Imaginons qu’un musulman populaire chez les non-musulmans, comme l’imam Chalghoumi, se soit fait agresser également par des musulmans radicaux ? Y aurait-il eu le même silence médiatique et politique ?
On peut être à peu près certain qu’il y aurait eu dans ce cas un déferlement de réactions politiques et un tohu-bohu médiatique énorme. Caroline Fourest a été récemment chahutée à la Fête de l’Humanité. Elle était le lendemain invitée au Grand Journal de Canal Plus. La plupart des médias ont relayé l’incident en le condamnant (à titre personnel, je pense qu’il faut apporter la contradiction à ceux avec lesquels on est en désaccord et non pas les empêcher de parler).
Houria Bouteldja n’a pas eu ce genre d’invitation pour des faits beaucoup plus graves. Cela veut donc dire que les médias et trop de responsables politiques réagissent en fonction non de faits objectifs (agression physique) mais en fonction de critères subjectifs (ses idées plaisent-elles ou non ?).
Cela veut donc dire qu’à leurs yeux tous les citoyens ne sont pas égaux. Cela est grave en soi, car c’est contraire aux principes républicains fondamentaux, mais surtout cela contribue à attiser les tensions et les replis communautaires. Les mêmes qui disent vouloir les combattre les nourrissent par leurs réactions sélectives.