La Palestine à l’ONU : François Hollande doit monter au créneau, sinon…
Cette dernière perdrait toute crédibilité si elle y cédait. La voie de la négociation qu’elle a choisie depuis 20 ans n’a jusqu’ici conduit à aucune véritable percée politique ni même à une amélioration des conditions de vie quotidienne des Palestiniens. Renoncer à la démarche onusienne serait donner un formidable argument au Hamas.
Quelle sera l’attitude de la France ? Elle ne semble pas encore être fixée aujourd’hui.
Au cours de la campagne électorale, François Hollande avait pris l’engagement de reconnaître l’État palestinien. Une fois élu, il semblait être revenu sur cet engagement. Lors de la Conférence des ambassadeurs du 27 août, il ne parlait plus que d’autodétermination. Le terme d’ "État palestinien" ne figurait pas dans son discours. Il semblait aller moins loin que Nicolas Sarkozy, pourtant considéré comme proche du gouvernement israélien.
Dans son discours devant l’ONU le 25 septembre, déclarant qu’il était urgent de trouver une issue au conflit israélo-palestinien, il indiquait que la France contribuera de toutes ses forces à "restaurer les bases d’une négociation devant déboucher sur la coexistence de deux États". De nouveau, il évitait de se prononcer sur la reconnaissance à l’ONU
Lors de la visite de Benyamin Netanyahou début novembre, François Hollande exprimait des divergences sur la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens, sans n’en tirer aucune conséquence concrète. Il parlait de la "tentation" pour l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale des Nations unies ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation : "Seule la négociation pourrait déboucher sur une solution définitive à la situation de la Palestine."
Cela constituait un grave recul vis-à-vis des positions du candidat. Penser qu’une négociation entre l’actuel gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou et son allié Avigdor Liebermann pourrait déboucher sur une solution, c’est vraiment croire aux miracles qui ne sont plus de mise dans la région.
Comment expliquer le repli de François Hollande, qui semblait s’aligner sur les positions de Netanyahou et du CRIF en France ? Voulait-il commencer son action dans la région en tentant de séduire le Premier ministre israélien et faire tomber son hostilité vis-à-vis de la gauche au pouvoir ? S’agissait-il de reconquérir le CRIF, qui avait ouvertement fait campagne pour Nicolas Sarkozy et de le refaire "passer à gauche", comme l’espèrent certains ?
Dans la conférence de presse du 13 novembre, interrogé par Dominique Bromberger sur le vote de la France à l’ONU, il répondait qu’il préférait toujours la négociation mais que la démarche palestinienne "pouvait être une pression en ce sens". Il précisait que la France regardera la résolution et prendra sa décision en conséquence. Cela veut donc dire que sa position n’est pas arrêtée, et que le débat reste ouvert.
Hollande doit-il mesurer les positions américaines et des autres Européens ? Dans le passé, sur le Proche-Orient, la France s’est déterminée en fonction des principes qui étaient les siens, sans se soucier de copier sur le voisin. Est-il motivé par des considérations de politique intérieure en voulant séduire le CRIF ?
Certes, la grande majorité des Français est favorable à la création d’un État palestinien. Mais pour la plupart d’entre eux, c’est une cause parmi d’autres, les inconditionnels d’Israël sont minoritaires, mais ils en font un critère majeur de décision.
Selon Charles Enderlin, malgré la virulente campagne de l’Aipac en faveur de Mitt Romney, 69 % des juifs américains ont voté Obama. La politique à l’égard d’Israël n’a été déterminante dans le choix des candidats que pour 10 % des juifs américains. À bien des égards, une comparaison (leurs orientations, l’importance qu’on leur accorde et la réalité de leur d’influence) peut être faite entre le CRIF et l’Aipac.
François Hollande peut se dire que 134 États ont déjà reconnu la Palestine. Donc la voix française n’apporte pas grand-chose. Mais la France peut-elle rester à l’écart de ce vote historique ? Elle y perdrait le prestige acquis de longue date sur ce point.
Sur un sujet aussi emblématique, concernant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui a un tel impact dans les opinions mondiales, la France perdrait beaucoup de son rayonnement international en étant à rebours de l’Histoire.