18.11.2024
Conflit israélo-palestinien : Israël a bien raison de mépriser l’Europe
Édito
28 janvier 2013
L’Europe, puissance à laquelle de nombreux Français, dont l’auteur de ces lignes, aspirent, semble être encore loin, voire s’éloigner.
Le conflit israélo-palestinien en donne un bel exemple. Lors du vote pour l’admission de la Palestine à l’ONU, les 27 se sont divisés entre "oui", "non" et abstentions.
Que pèse l’Europe sur le Proche-Orient ? Rien. Par volonté, non par manque de capacités.
L’Europe critique…
En 2002, un document de prospective du ministère israélien des Affaires étrangères mettait en garde. L’Europe était en passe de se doter d’une politique étrangère commune et de peser plus sur les affaires internationales. Comme elle n’avait pas la même solidarité inconditionnelle avec Israël que les États-Unis, il fallait, préconisait le rapport, y faire très attention.
Les auteurs de ce rapport doivent aujourd’hui bien rigoler. D’une part, l’Europe, sur ce point, s’est considérablement rapprochée des positions américaines – et israéliennes – et lorsqu’un désaccord subsiste, elle n’en tire aucune conséquence.
Pour ne prendre qu’un exemple, le 19 décembre dernier Catherine Ashton se fâche tout rouge. Elle a qualifié d’"extrêmement troublante" l’approbation de 2.610 unités supplémentaires de logement dans la colonie de Givat Hamatos. Ce plan "risque de rompre la continuité géographique entre Jérusalem et Bethléem", a-t-elle constaté. Après la publication du communiqué de Mme Ashton, le 20 décembre, le gouvernement israélien aurait autorisé la planification d’un projet de construction de 523 logements dans le cadre d’un projet prévoyant à termes 6.000 logements à Gush Etzion, au sud de Bethléem.
Dans son communiqué, Mme Ashton précise que l’Union européenne "n’a jamais été aussi claire" que dans les conclusions du Conseil Affaires étrangères du 10 décembre, pour "exprimer sa vive opposition à l’expansion des colonies."
"L’Union européenne s’oppose en particulier à la mise en œuvre des plans qui mettent en péril la possibilité d’un État palestinien contigu et viable, et de Jérusalem comme future capitale des deux États", a ajouté Mme Ashton, précisant que l’UE suivra de près la situation et "ses implications plus larges", et agira en conséquence.
… mais l’Europe n’agit pas
Pourtant, le Conseil Transport a donné son feu vert, jeudi 20 décembre, à la signature d’un accord aérien avec Israël. En 2017, les marchés européen et israélien devront être pleinement ouverts et de façon réciproque. Cette ouverture devrait se faire graduellement.
Donc il y a d’un côté des déclarations très critiques et de l’autre une coopération qui se développe, comme si de rien n’était.
Les dirigeants israéliens ne prennent pas l’Europe au sérieux. Ils ont bien raison.