18.11.2024
Obama en Israël : saisira-t-il l’occasion d’entrer dans l’Histoire ?
Édito
20 mars 2013
Barack Obama avait fait de la réconciliation entre les États-Unis et le monde musulman une priorité stratégique après sa première élection en 2008. Le discours qu’il avait prononcé au Caire le 4 juin 2009 avait suscité d’immenses espoirs. Tout en rappelant l’alliance stratégique entre les États-Unis et Israël, il évoquait la nécessité de mettre fin au conflit et parler des souffrances des Palestiniens.
Cet espoir est vite retombé. Alors que le président américain avait exigé de Benyamin Netanyahou de cesser la colonisation des Territoires palestiniens, celui-ci n’en a tenu aucun compte. Fort du soutien du Congrès américain, c’est lui qui a gagné le bras de fer contre Barack Obama. Situation pour le moins paradoxale puisque Israël dépend largement des États-Unis pour sa sécurité.
Entre le protecteur et le protégé, c’est le protégé qui a imposé son point de vue. Au cours de la campagne électorale de 2012, Netanyahou s’est même engagé en faveur de Mitt Romney, le challenger de Barack Obama, comme s’il n’en avait rien à craindre. Si sa victoire a été moins nette que prévue, Netanyahou a par la suite remporté les élections israéliennes de janvier qui ont marqué un glissement supplémentaire du corps électoral israélien en faveur des faucons.
Au cours de son premier mandat, Barack Obama ne s’était pas rendu en Israël. Certains estiment que ce fut une erreur et qu’il aurait mieux fait de s’y rendre pour tenir un langage de fermeté aux dirigeants israéliens. Mais si Barack Obama n’a pas voulu livrer bataille contre Netanyahou, c’est bien qu’il craignait que cela compromette sa réélection.
George Bush père a forcé la main aux dirigeants israéliens en 1991 en les menaçant de ne plus garantir les crédits à l’État israélien s’il poursuivait la colonisation. Le Premier ministre israélien de l’époque Yitzhak Shamir avait voulu livrer bataille contre lui. Les électeurs israéliens craignant une rupture avec les États-Unis l’avaient désavoué et Shamir avait perdu les élections. Malgré la victoire dans la guerre du Golfe et la fin de la Guerre froide, George Bush père avait également été battu en 1992. Beaucoup ont attribué sa défaite à son opposition à Israël. L’explication venait plutôt de la dégradation de la situation économique, mais cela a créé un effet de dissuasion sur les dirigeants américains.
Malgré l’opposition de l’AIPAC (American Israeli Public Affairs Committee), le principal lobby pro israélien, 70% des Juifs américains ont voté pour Obama. Selon les sondages, 10% seulement ont tenu compte de la relation entre Israël et les États-Unis dans la détermination de leur vote. Par ailleurs, Obama a normalement les mains plus libres au cours de son second mandat. Il pourrait donc chercher à rentrer dans l’Histoire et à mériter vraiment son prix Nobel de la Paix reçu en 2009. S’il s’oppose réellement aux lobbys des colons israéliens et qu’il affirme nettement que la poursuite du soutien américain à Israël dépendra de l’avancée réelle des négociations en direction d’une paix juste et véritable, il créera un choc dans la société israélienne.
Celle-ci privilégie pour le moment le statu quo parce que cela lui parait être sans risque. Israël n’est pénalisé en rien pour la poursuite de l’occupation. Aucune pression et encore moins aucune sanction n’est exercée contre le gouvernement israélien.
"Si la poursuite de l’occupation est sans conséquence pourquoi prendre le risque de changer ?" se disent la majorité des Israéliens. Netanyahou compte sur une politique du fait accompli, pense que le temps joue pour Israël et que plus tard surviendra la création d’un État palestinien, plus ce dernier sera réduit au minimum.
Obama est conscient que le soutien inconditionnel accordé par les États-Unis à Israël est une cause d’impopularité et dessert l’intérêt national américain. Pour l’heure, Netanyahou exerce à son égard un effet de dissuasion, et Obama n’en exerce aucun à l’égard de Netanyahou.
Malgré cela, 33% des Israéliens seulement estiment qu’Obama a une attitude favorable à Israël et 17% éprouvent même de la haine à son égard, lui reprochant de pencher du côté arabe.
Les conseillers d’Obama estiment qu’il ne faut pas espérer un changement de cap de ce voyage principalement destiné à préparer le terrain en établissant un bon climat pour les négociations. Mais si rien de concret ne survient, l’Autorité palestinienne sera de nouveau affaiblie et le Hamas renforcé.