L'édito de Pascal Boniface

Coupe du monde et JO au Brésil : comment la Guyane veut en devenir la base arrière

Édito
12 juin 2013
Le point de vue de Pascal Boniface
Lorsqu’il apprit en 2007 que le Brésil serait unique candidat de la Confédération sud-américaine de football, Bernard Lama fut persuadé de la désignation de ce pays comme hôte de la Coupe du monde 2014. 
 
Le principe, adopté par la FIFA, de rotation des continents voulait qu’après l’Asie, l’Europe et l’Afrique, l’Amérique soit de nouveau désignée. Le Mexique avait hébergé la compétition en 1986, les États-Unis en 1994. Le Brésil n’avait pas reçu l’épreuve depuis 1950. La voie était donc dégagée pour le pays où le football est roi.
 
Attirer l’attention sur un territoire délaissé

 
Très rapidement, il cherche à convaincre les responsables politiques et économiques de la Guyane de préparer le département à être une base arrière pour une équipe qui participerait à la Coupe du monde.
 
Elle pourrait venir s’y préparer avant le début de la compétition pour s’y acclimater et digérer le décalage horaire. Cela permettrait d’attirer l’attention sur la Guyane, qui se plaint d’être délaissée par la métropole et estime souffrir d’une mauvaise image. Si les équipes du continent américain n’ont aucun intérêt à venir en Guyane, cela est bien différent pour une équipe asiatique, africaine, voire européenne.
 
L’équipe de France pourrait-elle faire ce qu’elle avait fait avant la Coupe du monde en Afrique du Sud, en s’arrêtant dans le département de la Réunion pour y jouer un match ? La Fédération a choisi une autre base arrière, aucun stade en Guyane n’offrant une capacité d’accueil assez grande pour organiser un match amical international selon les critères de la Fédération française de football (FFF).
 
En 2009, la désignation de Rio comme ville hôte des Jeux olympiques de 2016 accéléra la réflexion. La Guyane espère dès lors mettre en place les infrastructures hôtelières et sportives qui donneraient les moyens aux footballeurs et aux autres sportifs de se préparer. Nicolas Sarkozy avait appuyé immédiatement le projet. Les responsables guyanais allaient également se mettre d’accord.
 
Développer son attractivité

 
La Guyane, avec officiellement moins de 300.000 habitants, a donné de nombreux champions à la France. Outre Bernard Lama, qui est vice-président du GIP Guyane Base Avancée, Malia Metella, la championne olympique de natation, ou Lucie Décosse, championne olympique de judo, se sont engagées en sa faveur.
 
Un groupement d’intérêt public a été mis en place. La création du GIP a déjà amené les différents acteurs à travailler ensemble, ce qui n’était pas acquis à l’avance. L’État, la région, le département et le Centre national d’études spatiales (CNES) financent les équipements qui serviront à attirer l’attention sur la Guyane, à développer son attractivité et pourront par la suite être utilisé par la population.
 
Palais omnisports, stade d’athlétisme, piscine, bassin de canoë-kayak et d’aviron, gymnase, centre médicaux sportifs départementaux, vont être construit ou rénovés pour un budget de 45 millions d’euros.
 
Deux leçons peuvent être tirées de cette initiative.
 
C’est donc un projet de développement économique qui a le sport comme vecteur. La visibilité du sport est un facteur important pour rendre plus visible la Guyane sur la carte de la planète, au moment où les territoires sont en compétition pour attirer les investissements, les touristes, etc.
 
Il est réjouissant de voir un ancien champion comme Bernard Lama s’engager sur un sujet d’intérêt général, et se mettre bénévolement au service du développement de son département.
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