18.11.2024
Syrie, Afghanistan : des conflits persistants mais un nombre de guerres en baisse
Édito
3 juillet 2013
En réalité, le nombre de conflits diminue et le nombre de victimes que chacun d’entre eux fait diminue également. Il y a un écart entre la réalité et la perception. La guerre est de plus en plus insupportable, c’est pour cela que les opinions se révulsent bien plus qu’avant contre elle.
Mais lorsque l’on regarde avec attention la réalité, on voit que celle-ci, pour désagréable qu’elle soit, l’est moins qu’il y a quelques années.
Une trentaine de conflits armés dans le monde
Certes, il y a toujours une quarantaine de conflits ou de crises dans le monde. Certains semblent ne jamais devoir s’éteindre, d’autres changent de sens. L’Afghanistan l’a fait à plusieurs reprises depuis 1979. Certains s’éteignent, d’autres renaissent. Au global, ils sont en diminution.
Dans une étude originale et fouillée, le chercheur canadien Charles Philippe David [1], se basant sur les données compilées produites par le Uppsala Conflict Data Program et le Peace Research Institute d’Oslo ou du Stockolm International Peace and Research Institute (SIPRI), montre que la violence armée décroît globalement au niveau planétaire.
Il y a une trentaine de conflits armés dans le monde définis comme "des combats prolongés entre les forces militaires de deux gouvernements ou plus, ou contre un gouvernement et au moins un groupe armé organisé".
Il est défini comme majeur s’il fait annuellement plus de 1.000 morts au combat. Il n’y en a plus aujourd’hui que six : Afghanistan, Pakistan, Irak, Syrie, République démocratique du Congo et Somalie. Un conflit est mineur s’il fait entre 25 et 999 morts au combat dans l’année. Il y a une trentaine de ces "petites" guerres.
Les conflits armés majeurs ont chuté de plus de moitié : ils étaient 13 en 1991, ils sont 6 aujourd’hui. Quant aux conflits armés mineurs, ils ont diminué de 40% en passant de 51 en 1991 à 31 de nos jours. Ils sont concentrés en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et du Sud.
Des raisons d’espérer
Il n’y a plus aujourd’hui qu’un conflit d’interétatique. Il oppose la Thaïlande au Cambodge. Il faut ajouter les interventions militaires en Afghanistan, en Libye, au Mali, qui relèvent d’une catégorie différente.
Les guerres infra-étatiques représentent aujourd’hui l’essentiel des conflits contemporains. Contrairement à une autre idée reçue, les efforts de l’ONU sont donc plutôt efficaces depuis la fin de la Guerre froide.
Les opinions ont raison d’être choquées et scandalisées par les guerres et leur lot d’atrocités. Mais elles auraient tort de se décourager en concluant qu’il en sera toujours ainsi et qu’on n’y peut malheureusement rien. Car c’est bien les pressions et mobilisations populaires qui expliquent cette diminution tendancielle.
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[1] Charles Philippe David, "La guerre pourrait-elle devenir une chose passée ?", Revue internationale et stratégique n°90, Iris-Armand Colin, été 2013