Les Femen et leur tweet islamophobe : une insulte absurde qui fait le jeu de la haine
En publiant un tweet franchement islamophobe sur son compte Twitter et en ler retirant face aux réactions indignées puis en le retweetant face aux étonnements suscités par sa disparition, Inna Shevchenko, la leader des Femen a démontré que racisme, hypocrisie et petits calculs boutiquiers étaient tout à fait compatibles.
Elle a poussé un peu plus loin la provocation. Elle a surtout prouvé ce que beaucoup subodoraient : son objectif n’est pas de défendre les causes qu’elle prétend vouloir incarner mais faire sa propre publicité et enraciner sa présence médiatique. Il peut paraître difficile d’affirmer vouloir faire avancer la cause des femmes notamment dans le monde arabe, et celle d’Amina, en publiant de telles phrases.
L’objectif, en suscitant des réactions de colère de ceux qui sont insultés, est d’attirer l’attention. Ce n’est pas de défendre une cause, mais une structure, une organisation. Ce type de commentaire ne peut que gêner toutes les femmes, et aussi les hommes qui se battent pour qu’une certaine vision de la religion dans le monde musulman ne vienne pas empiéter sur leur liberté. Il sera encore plus facile ensuite de dénoncer l’obscurantisme alors qu’on aura aidé à se consolider.
C’est bien le mode opératoire des Femen. Pas d’ancrage social ou sociétal mais une grande exposition médiatique. Pas de réflexion sur la stratégie pour faire progresser une cause légitime, juste une recherche avide de publicité à des fins personnelles.
C’est la limite de l’exercice, le spectacle compte plus que le combat politique.
Elle ne peut que susciter des réactions de crispation dont il faut souhaiter qu’elles ne dégénèrent pas en violences stupides contre les Femen. La leader des Femen a tout à fait le droit de ne pas partager la foi des musulmans et de n’avoir pas envie de faire le ramadan. J’en fais de même. Est-ce une raison pour insulter ceux qui le pratiquent ?
Quelle est cette volonté d’humilier des gens qui sont différents alors qu’on se revendique comme incarnant la tolérance et la liberté ? Parfois, voire souvent, la provocation a permis de faire avancer des causes mais l’insulte, le mépris et la haine jamais. Et avec son tweet Inna Shevchenko est passée de l’un à l’autre.
Ce qui sera surtout intéressant, c’est de voir si tous ceux qui l’ont soutenue dans la période récente en en faisant l’égérie de la cause des femmes, vont ou non rester silencieux devant ce tweet. Il est malheureusement fort à parier qu’une fois encore on revendique des idées de liberté pour attaquer de la façon la plus vile une minorité méprisée.