18.11.2024
« Le Foot mérite mieux que ça »
Édito
13 septembre 2013
Frédéric Thiriez, avocat et président de la Ligue de Football professionnel depuis 2002 vient de publier « Le Foot mérite mieux que ça » (Cherche Midi). Il répond aux questions de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS.
Peut-on parler d’un football bashing en France ?
Oui, le football est clairement l’accusé permanent de la société française. On entend toutes sortes de préjugés à son sujet, d’âneries avec souvent un fond de méchanceté gratuite. En particulier, les footballeurs sont mal vus par les intellectuels. C’est du mépris de caste. Comme je le dis dans le livre, les élites considèrent les footballeurs comme des garçons "irrespectueux des règles et des autres", "fainéants", "agressifs", voire "violents".
Comment l’expliquer ?
Les footballeurs sont souvent des gens venus d’en bas, des quartiers, des banlieues. Ils n’ont pas fait de grandes écoles et ils gagnent beaucoup d’argent en jouant avec un ballon. Les footballeurs bousculent les élites traditionnelles en bouleversant une hiérarchie sociale fondée sur la naissance et l’éducation, entretenue par la cooptation comme vous l’avez très bien écrit dans votre livre " Pourquoi tant de haines ? ". Du coup, la place centrale aujourd’hui occupée par le football et les joueurs dans la société dérange. Pourtant, la réalité du football, c’est que l’ascenseur social y fonctionne encore. Le travail et le mérite sont récompensés.
Le monde du football sait-il suffisamment se défendre?
Pour chacun des sujets où le football est mis en cause, comme les salaires, la violence ou encore le racisme, il y a des arguments à faire connaître au public, qu’il s’agisse des fans ou des profanes. C’est précisément l’objet de mon livre où je m’efforce de démêler le faux du vrai face à trente-cinq chefs d’accusation. Certes, il y a des abus et tout n’est pas rose mais, ne l’oublions pas, le football est générateur de valeurs universelles, comme le respect des règles, le goût de l’effort, l’esprit collectif. Ce sport procure de grandes émotions et il est un incomparable créateur de lien social, n’en déplaise à certains.