04.11.2024
Oui, j’avoue, je suis « payé par les Arabes »
Édito
1 octobre 2013
Comme toute rumeur, elle s’appuie sur un semblant d’apparence qui est déformé, pour lui donner un sens tout à fait différent. Il s’agit donc d’une manipulation. Comme toute rumeur, elle a un objectif : disqualifier celui que l’on considère comme adversaire politique. Comme toute rumeur, elle est utilisée pour éviter un débat franc et contradictoire par ceux qui seraient à peu près certains de le perdre.
Être attaqué par ces gens-là, c’est le monde à l’envers !
Il est vrai que les États peuvent parfois, dans leur diplomatie d’affluence, s’offrir les services de tel ou tel journaliste ou expert qui vantera les mérites du régime, mais il n’y a qu’une poignée d’individus qui font cela. Et qui sont rapidement identifiés par le public et plus encore par les services spécialisés.
Quels sont les éléments retenus à charge contre moi ? Je ne crains pas, depuis la reprise de l’Intifada et l’échec du processus de paix, de critiquer l’action du gouvernement israélien. Les partisans inconditionnels de ce dernier ont tôt fait d’accuser d’antisémitisme ceux qui osent prendre une telle position et souvent d’ajouter qu’ils sont payés par des Arabes.
C’est assez ironique dans la mesure où j’ai plutôt payé un prix lourd d’un point de vue professionnel pour mes positions. Elles ont été bien plus coûteuses que rémunératrices. Il est également ironique de voir que ceux qui portent ce type d’accusation font de leurs engagements affichés leurs revenus ou sont parfois soutenus par des officines pro-israéliennes.
Être attaqué par ces gens-là, c’est un peu le monde à l’envers ! Mais il y a une véritable stratégie chez eux : répéter à l’envi un mensonge pour qu’il apparaisse vrai. L’Iris a failli disparaître en 2003 pour me "punir" de mes positions, et nul pays arabe n’est venu compenser les graves pertes financières.
La guerre en Irak et le Qatar bashing
Deuxième élément : l’opposition à la guerre d’Irak. On se rappelle qu’à partir de l’automne 2002, lorsque le débat sur l’opportunité et le bien-fondé d’une guerre contre l’Irak commençait, ceux qui s’y opposaient étaient facilement catalogués comme suppôts de Saddam Hussein.
S’il y a bien eu quelques hurluberlus qui ont eu un intérêt matériel à défendre ce dernier, la grande majorité des experts et analystes qui s’opposaient à la guerre le faisaient pour d’autres raisons, basées sur les conséquences catastrophiques de celle-ci. Et la suite des événements leur a donné raison. Mais là encore la calomnie a été utilisée à grande échelle.
Le même raisonnement a été utilisé par la suite pour ceux qui s’opposaient à des frappes contre l’Iran, que certains "experts" ont commencé à réclamer avec insistance à partir de 2005.
Plus récemment, du fait de la visibilité accrue du Qatar, ne pas participer au Qatar bashing vous amène immédiatement à l’accusation d’être payé par Doha.
Un racisme latent
Enfin, à partir du moment où, dans le débat sur la place des musulmans en France et de l’islam, on ne fait pas de la surenchère sur l’islamophobie, qu’on plaide pour le vouloir-vivre-ensemble, ce type d’accusations revient de façon systématique. Il y a parmi ceux qui relaient ces sornettes, un racisme latent. Il n’est pas "naturel" de défendre les Arabes, donc ceux qui le font ne peuvent qu’agir pour des motifs intéressés.
Arrivé à ce stade, et de peur d’être découvert, je préfère faire un aveu, en espérant le pardon. Oui, je suis bien payé par les Arabes. Chaque semaine depuis des années par les Algériens, les Marocains, les Tunisiens, les Égyptiens, etc.
Les commerçants du marché d’Aligre, dont beaucoup me suivent dans les médias, ne font pas que me sourire. Ils arrondissent régulièrement à la somme inférieure le montant que je leur dois pour les provisions achetées. Régulièrement, ils en ajoutent pour "faire bon poids" et mon panier est lesté de fruits et légumes offerts. De vraies commissions !