13.12.2024
Accord historique sur le nucléaire iranien : les gagnants et les perdants
Édito
25 novembre 2013
Un accord historique, c’est ainsi qu’a été salué l’accord sur un plan d’action conclu entre les ministres des "cinq plus un" (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) et l’Iran. Les détails en sont largement connus.
C’est tout d’abord le triomphe de ceux qui préconisaient une solution diplomatique sur ceux qui la jugeaient impossible et qui préconisaient – ou disaient vouloir – se résigner à des frappes militaires.
Depuis plus de 10 ans, certains "experts stratégiques" nous disent que l’Iran est à quelques mois de l’arme nucléaire, que des frappes sont inéluctables et à tout prendre moins déstabilisantes que la perspective de voir l’Iran doté d’armes nucléaires. C’était souvent les mêmes qui avaient, avec le succès que l’on connaît, justifié la guerre d’Irak – également au nom de la lutte contre la prolifération. Ils ont de nouveaux été sèchement démentis par la réalité. Ne nous inquiétons pas pour eux, ils continueront à pérorer en toute impunité.
Des frappes sur l’Iran auraient engendré un scénario-catastrophe : crise économique mondiale, déchaînement du terrorisme, accroissement de la violence au Proche-Orient et renforcement de la détermination de l’Iran à aller vers le nucléaire militaire.
Il y a plus de vainqueurs dans cet accord que de perdants.
Laurent Fabius et la diplomatie française sont au premier rang. J’avais déjà dit dans un article précédemment publié sur Le Plus qu’un éventuel accord sur l’Iran serait un triomphe pour la diplomatie française accusée de l’avoir fait capoter il y a 15 jours.
Contrairement à ce que disaient certains, la fermeté de Laurent Fabius n’était en rien un alignement sur Israël (Fabius a plaidé avec succès pour que la France vote en faveur de l’admission de la Palestine comme état non-membre de l’ONU) mais une volonté d’avoir un accord viable de nature à désamorcer les critiques du Congrès américain et à limiter les capacités de nuisances d’Israël.
Le fait d’avoir refusé l’accord il y a 15 jours donne plus de crédibilité à l’acceptation française de la nuit dernière. Il ne s’agissait pas de fermeture mais de fermeté accompagnée d’ouverture. Israël ne voulait en aucun cas d’un accord, la France voulait un accord à certaines conditions. Ce n’est pas pareil.
Barack Obama en sort grandi et obtient un succès bienvenu. Il obtient un accord avec l’Iran qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pu obtenir depuis 34 ans. Ayant compris qu’il ne pouvait pas avancer sur le règlement du conflit israélo-palestinien, un accord historique avec l’Iran sera son héritage présidentiel en matière de politique étrangère.
Les Russes et les Chinois en sortent également renforcés. Ils ont évité les deux scénarios qu’ils craignaient : un Iran se dirigeant vers l’arme nucléaire ou un règlement imposé sans concession par les puissances occidentales marquant une volonté hégémonique d’imposer leur agenda dans la région.
L’Iran en sort bien sûr renforcé. La levée des sanctions va lui permettre de développer son économie et de renforcer sa position de puissance régionale. Son droit à l’enrichissement de l’uranium que le TNP n’interdit pas lui reste reconnu mais dans des proportions qui l’empêchent d’aller vers le nucléaire militaire. Il sort la tête haute et n’a pas été humilié mais a fait les concessions nécessaires.
C’est en fait un véritable compromis où aucun protagoniste n’est humilié ou vaincu et où chacun a cherché à comprendre le point de vue de l’autre. Un modèle de négociation qui peut servir dans d’autres circonstances.
Les deux vaincus sont Israël et l’Arabie Saoudite qui, dans une alliance de circonstance aléatoire, avaient plaidé pour la non-conclusion d’un accord.
L’Arabie Saoudite avec une population trois fois inférieure à celle de l’Iran a un PNB légèrement supérieur. La levée des sanctions devrait permettre un rattrapage et un dépassement très rapide de l’Iran. Israël qui avait fait de la menace nucléaire iranienne son axe diplomatique principal permettant de masquer le non règlement de la question palestinienne a échoué dans sa tentative de veto pour parvenir à un accord.
Pour une fois Israël n’a pas imposé son point de vue aux États-Unis et aux Occidentaux. La perspective de frappes militaires contre laquelle le Pentagone s’élevait déjà s’éloigne encore un peu plus. Israël prendrait un risque majeur dans sa relation avec les États-Unis de venir dynamiter un accord.
Le président Hassan Rohani a déjà mis fin aux déclarations incendiaires contre l’État d’Israël dont son prédécesseur était familier. Cela peut lui laisser les mains plus libres pour critiquer la politique israélienne à l’égard des Palestiniens. Il serait avisé d’avoir une politique également conciliante avec ses voisins arabes. Il n’a que des problèmes à gagner dans une confrontation avec ces derniers.
Les bonnes nouvelles sont extrêmement rares sur la scène internationale. L’accord est certes provisoire, des embûches peuvent de nouveau se dresser sur la route d’un accord définitif mais aujourd’hui le monde est plus sûr qu’hier.
Depuis plus de 10 ans, certains "experts stratégiques" nous disent que l’Iran est à quelques mois de l’arme nucléaire, que des frappes sont inéluctables et à tout prendre moins déstabilisantes que la perspective de voir l’Iran doté d’armes nucléaires. C’était souvent les mêmes qui avaient, avec le succès que l’on connaît, justifié la guerre d’Irak – également au nom de la lutte contre la prolifération. Ils ont de nouveaux été sèchement démentis par la réalité. Ne nous inquiétons pas pour eux, ils continueront à pérorer en toute impunité.
Des frappes sur l’Iran auraient engendré un scénario-catastrophe : crise économique mondiale, déchaînement du terrorisme, accroissement de la violence au Proche-Orient et renforcement de la détermination de l’Iran à aller vers le nucléaire militaire.
Il y a plus de vainqueurs dans cet accord que de perdants.
Laurent Fabius et la diplomatie française sont au premier rang. J’avais déjà dit dans un article précédemment publié sur Le Plus qu’un éventuel accord sur l’Iran serait un triomphe pour la diplomatie française accusée de l’avoir fait capoter il y a 15 jours.
Contrairement à ce que disaient certains, la fermeté de Laurent Fabius n’était en rien un alignement sur Israël (Fabius a plaidé avec succès pour que la France vote en faveur de l’admission de la Palestine comme état non-membre de l’ONU) mais une volonté d’avoir un accord viable de nature à désamorcer les critiques du Congrès américain et à limiter les capacités de nuisances d’Israël.
Le fait d’avoir refusé l’accord il y a 15 jours donne plus de crédibilité à l’acceptation française de la nuit dernière. Il ne s’agissait pas de fermeture mais de fermeté accompagnée d’ouverture. Israël ne voulait en aucun cas d’un accord, la France voulait un accord à certaines conditions. Ce n’est pas pareil.
Barack Obama en sort grandi et obtient un succès bienvenu. Il obtient un accord avec l’Iran qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pu obtenir depuis 34 ans. Ayant compris qu’il ne pouvait pas avancer sur le règlement du conflit israélo-palestinien, un accord historique avec l’Iran sera son héritage présidentiel en matière de politique étrangère.
Les Russes et les Chinois en sortent également renforcés. Ils ont évité les deux scénarios qu’ils craignaient : un Iran se dirigeant vers l’arme nucléaire ou un règlement imposé sans concession par les puissances occidentales marquant une volonté hégémonique d’imposer leur agenda dans la région.
L’Iran en sort bien sûr renforcé. La levée des sanctions va lui permettre de développer son économie et de renforcer sa position de puissance régionale. Son droit à l’enrichissement de l’uranium que le TNP n’interdit pas lui reste reconnu mais dans des proportions qui l’empêchent d’aller vers le nucléaire militaire. Il sort la tête haute et n’a pas été humilié mais a fait les concessions nécessaires.
C’est en fait un véritable compromis où aucun protagoniste n’est humilié ou vaincu et où chacun a cherché à comprendre le point de vue de l’autre. Un modèle de négociation qui peut servir dans d’autres circonstances.
Les deux vaincus sont Israël et l’Arabie Saoudite qui, dans une alliance de circonstance aléatoire, avaient plaidé pour la non-conclusion d’un accord.
L’Arabie Saoudite avec une population trois fois inférieure à celle de l’Iran a un PNB légèrement supérieur. La levée des sanctions devrait permettre un rattrapage et un dépassement très rapide de l’Iran. Israël qui avait fait de la menace nucléaire iranienne son axe diplomatique principal permettant de masquer le non règlement de la question palestinienne a échoué dans sa tentative de veto pour parvenir à un accord.
Pour une fois Israël n’a pas imposé son point de vue aux États-Unis et aux Occidentaux. La perspective de frappes militaires contre laquelle le Pentagone s’élevait déjà s’éloigne encore un peu plus. Israël prendrait un risque majeur dans sa relation avec les États-Unis de venir dynamiter un accord.
Le président Hassan Rohani a déjà mis fin aux déclarations incendiaires contre l’État d’Israël dont son prédécesseur était familier. Cela peut lui laisser les mains plus libres pour critiquer la politique israélienne à l’égard des Palestiniens. Il serait avisé d’avoir une politique également conciliante avec ses voisins arabes. Il n’a que des problèmes à gagner dans une confrontation avec ces derniers.
Les bonnes nouvelles sont extrêmement rares sur la scène internationale. L’accord est certes provisoire, des embûches peuvent de nouveau se dresser sur la route d’un accord définitif mais aujourd’hui le monde est plus sûr qu’hier.