04.11.2024
Conflit Israël/Palestine : malgré les attaques, je continuerai à m’exprimer
Édito
22 janvier 2014
L’anonymat pousse certains courageux à franchir les bornes, notamment celle du racisme. L’islamophobie, le racisme anti arabe, ou l’antisémitisme apparaissent trop souvent dans les commentaires. La bêtise étant répartie de façon assez équilibrée.
Mon dernier papier sur l’affaire Dieudonné m’a valu de nombreux commentaires selon lesquels je serai vendu aux juifs ou soumis à Israël, mais, le plus souvent, lorsque j’aborde cette question, on m’accuse de susciter des commentaires antisémites. Il y a, parmi ceux qui me font ce genre de reproches, des gens sincères mais aussi pas mal d’excités aux propos haineux.
Généralement, on ne m’accuse pas de tenir directement des propos antisémites. Ceux qui le font, dont la teneur des propos permet généralement de douter de leur équilibre psychologique, ne peuvent bien sûr jamais citer un propos précis qui tomberait sous le coup de cette accusation. Sinon, je ne doute pas que j’aurais été déféré depuis longtemps devant les tribunaux.
Ce qui m’est donc le plus souvent reproché, ce ne sont pas mes propos, mais les commentaires qu’ils suscitent. Ayant toujours pensé que la lutte contre l’antisémitisme n’était pas incompatible avec la critique politique de l’action du gouvernement israélien, je condamne moi-même les commentaires antisémites qui peuvent se glisser sur mon mur Facebook, je précise d’ailleurs régulièrement :
"Je rappelle que tout propos antisémite, homophobe, islamophobe ou toute forme d’injure à caractère ethnique ou racial sera supprimé et que son auteur se verra bloquer l’accès à cette page."
En même temps, comme certains de mes articles suscitent plusieurs centaines de commentaires, que je ne suis pas en permanence plongé dans leur lecture, certains peuvent échapper à ma vigilance. Je pense personnellement que les propos outranciers se disqualifient d’eux-mêmes. Parfois, je partage moi-même les propos les plus excessifs contre moi pour montrer leur stupidité.
Faudrait-il dès lors cesser d’écrire sur le sujet afin de les éviter ? C’est bien sûr ce qui m’est souvent conseillé. Les instances communautaires et les intellectuels ou journalistes les plus engagés en faveur du gouvernement israélien plaident d’ailleurs régulièrement pour que l’on cesse d’évoquer le conflit du Proche-Orient afin de "ne pas mettre de l’huile sur le feu". On peut penser au contraire que le facteur déclencheur sont plus les événements politiques là-bas que le fait de les présenter ou de les commenter ici. Je pense également que le fait d’interdire le débat aurait des conséquences négatives plus importantes, alimentant la thèse du complot. On voit d’ailleurs aisément la manœuvre : instrumentaliser la lutte contre l’antisémitisme au profit de la protection du gouvernement israélien.
Je ne peux donc pas céder au chantage incitant à la censure sur le conflit israélo-palestinien. Je ne peux rien contre l’anonymat des commentaires et ne passe pas mes journées sur Facebook. Je continuerai donc à m’exprimer. J’en ai payé assez cher le prix d’un point de vue professionnel pour y renoncer.
Si un lecteur voit un commentaire qui est un propos raciste, définit d’ailleurs en France très nettement d’un point de vue juridique, je lui demande de me le signaler avec suffisamment de précision pour que je puisse le repérer immédiatement et le supprimer.