13.12.2024
Comment Poutine se sert des JO pour renforcer sa popularité en Russie
Édito
13 février 2014
Lorsque le Comité international olympique (CIO) a accordé à Sotchi les Jeux olympiques d’hiver en 2007, Poutine a déclaré qu’"enfin la Russie était de retour dans l’arène mondiale comme un État fort, un pays auquel les autres doivent faire attention".
Il s’agit pour lui de montrer que la Russie est capable d’impressionner le monde en organisant une grande fête sportive, en construisant des infrastructures, en accueillant des invités. Il tient à faire de ces Jeux un instrument de rayonnement à la fois national pour la Russie et personnel, aussi bien sur le plan intérieur qu’international.
Il compte montrer au monde entier que la Russie est de retour et indique aux Russes que c’est grâce à lui. Ce rendez-vous est indubitablement un enjeu essentiel pour Poutine, qui avait déclaré que la disparition de l’Union soviétique était la pire catastrophe géopolitique du XXe siècle. Il veut montrer que la Russie qu’il dirige fait mieux que feu l’Union soviétique.
Il y aura certes peu de chefs d’État et de gouvernement présents lors de la cérémonie d’ouverture mais c’est toujours le cas pour les Jeux d’hiver. Et aucune délégation ne les boycottera.
Il ne faut cependant pas se tromper. Les appels au boycott et la contestation de ces Jeux qui viennent de Russie ne concernent qu’une minorité. 49% des Russes estiment qu’ils auront un impact très positif pour la Russie, 21% un impact positif. 6% estiment qu’ils ont un impact très négatif et 3% négatif. Ce ne sont donc pas seulement les Jeux de Poutine, ce sont les Jeux des Russes.
Ces derniers ont gardé en mémoire la période noire des années 1990 avec Boris Eltsine, pourtant si populaire dans le monde occidental : le PNB russe avait chuté de moitié, la mendicité avait explosé et la Russie était un pays humilié dans le monde. Si aujourd’hui Poutine joue sur le sentiment de fierté patriotique, c’est qu’il est ressenti profondément chez les Russes.
Il y a de multiples raisons de critiquer les Jeux de Sotchi. Ils coûteront quatre fois plus chers que ceux de Londres, ils n’ont pas été organisés dans le respect de l’environnement, ni n’ont été exempts de corruption, et les Russes le savent. Par ailleurs, les dérives autoritaires de Poutine sont préoccupantes.
Si les Jeux olympiques ne changeront pas la nature du régime, ils peuvent constituer un levier pour apporter certaines améliorations et ouvertures. Poutine a même, de façon limitée, tenu compte de certaines pressions extérieures. Mais pour que celles-ci soient efficaces, il faut le conduire en privilégiant le résultat concret à l’effet de tribune, faire une critique globale de ce rendez-vous.
Dénier à la Russie le droit de les organiser permettra à Poutine de jouer sur le réflexe patriotique vis-à-vis de la population. Mais celle-ci verrait dans une attaque frontale des médias occidentaux la volonté de nier à la Russie le droit de jouer un rôle et de tenir son rang.
Il faut aussi être conscient qu’une partie des causes de l’impopularité de Poutine dans le monde occidental (son obstruction diplomatique et son opposition stratégique sur certains sujets) est justement ce qui le rend populaire chez lui. Si Poutine commence à être contesté, il reste soutenu par une majorité.
Les Pussy Riots, dont les médias français font les figures de l’opposition à Poutine, ont un très faible soutien en Russie. Le fait de les mettre autant en avant, de mettre Poutine en difficulté devant l’opinion publique occidentale, vient d’autant le conforter auprès des Russes. 90% d’entre eux ont condamné les Pussy Riots et 40% sont opposés à leur amnistie.
La dérive médiatique consistant à les présenter comme le fer de lance de l’opposition à Poutine n’est ni de l’information ni de l’infotainment mais de la désinformation. C’est privilégier le spectaculaire à l’efficacité, mais c’est plus facile que de distinguer les réseaux associatifs, les secteurs de la société civile qui s’opposent rationnellement à Poutine.
Il s’agit pour lui de montrer que la Russie est capable d’impressionner le monde en organisant une grande fête sportive, en construisant des infrastructures, en accueillant des invités. Il tient à faire de ces Jeux un instrument de rayonnement à la fois national pour la Russie et personnel, aussi bien sur le plan intérieur qu’international.
Il compte montrer au monde entier que la Russie est de retour et indique aux Russes que c’est grâce à lui. Ce rendez-vous est indubitablement un enjeu essentiel pour Poutine, qui avait déclaré que la disparition de l’Union soviétique était la pire catastrophe géopolitique du XXe siècle. Il veut montrer que la Russie qu’il dirige fait mieux que feu l’Union soviétique.
Il y aura certes peu de chefs d’État et de gouvernement présents lors de la cérémonie d’ouverture mais c’est toujours le cas pour les Jeux d’hiver. Et aucune délégation ne les boycottera.
Il ne faut cependant pas se tromper. Les appels au boycott et la contestation de ces Jeux qui viennent de Russie ne concernent qu’une minorité. 49% des Russes estiment qu’ils auront un impact très positif pour la Russie, 21% un impact positif. 6% estiment qu’ils ont un impact très négatif et 3% négatif. Ce ne sont donc pas seulement les Jeux de Poutine, ce sont les Jeux des Russes.
Ces derniers ont gardé en mémoire la période noire des années 1990 avec Boris Eltsine, pourtant si populaire dans le monde occidental : le PNB russe avait chuté de moitié, la mendicité avait explosé et la Russie était un pays humilié dans le monde. Si aujourd’hui Poutine joue sur le sentiment de fierté patriotique, c’est qu’il est ressenti profondément chez les Russes.
Il y a de multiples raisons de critiquer les Jeux de Sotchi. Ils coûteront quatre fois plus chers que ceux de Londres, ils n’ont pas été organisés dans le respect de l’environnement, ni n’ont été exempts de corruption, et les Russes le savent. Par ailleurs, les dérives autoritaires de Poutine sont préoccupantes.
Si les Jeux olympiques ne changeront pas la nature du régime, ils peuvent constituer un levier pour apporter certaines améliorations et ouvertures. Poutine a même, de façon limitée, tenu compte de certaines pressions extérieures. Mais pour que celles-ci soient efficaces, il faut le conduire en privilégiant le résultat concret à l’effet de tribune, faire une critique globale de ce rendez-vous.
Dénier à la Russie le droit de les organiser permettra à Poutine de jouer sur le réflexe patriotique vis-à-vis de la population. Mais celle-ci verrait dans une attaque frontale des médias occidentaux la volonté de nier à la Russie le droit de jouer un rôle et de tenir son rang.
Il faut aussi être conscient qu’une partie des causes de l’impopularité de Poutine dans le monde occidental (son obstruction diplomatique et son opposition stratégique sur certains sujets) est justement ce qui le rend populaire chez lui. Si Poutine commence à être contesté, il reste soutenu par une majorité.
Les Pussy Riots, dont les médias français font les figures de l’opposition à Poutine, ont un très faible soutien en Russie. Le fait de les mettre autant en avant, de mettre Poutine en difficulté devant l’opinion publique occidentale, vient d’autant le conforter auprès des Russes. 90% d’entre eux ont condamné les Pussy Riots et 40% sont opposés à leur amnistie.
La dérive médiatique consistant à les présenter comme le fer de lance de l’opposition à Poutine n’est ni de l’information ni de l’infotainment mais de la désinformation. C’est privilégier le spectaculaire à l’efficacité, mais c’est plus facile que de distinguer les réseaux associatifs, les secteurs de la société civile qui s’opposent rationnellement à Poutine.