13.12.2024
Pourquoi j’ai décidé de quitter la Fondation du football
Édito
19 mars 2014
À l’occasion de la remise des trophées Philippe Seguin de la Fondation du football [1], plusieurs personnes m’ont interrogé sur le fait que je n’en sois plus secrétaire général. Il est nécessaire que je m’en explique publiquement, car je crois plus que jamais à son utilité.
La Fondation du football a été créée en 2008 à l’initiative de Jacques Lambert et de Jean-Pierre Escalettes qui dirigeaient alors la Fédération française de football (FFF). Son objectif est de développer une vision citoyenne du football et d’en rappeler les vertus éducatives. Son premier président fut Philippe Seguin, profondément respecté par l’ensemble des responsables politiques et dont la passion du football était bien connue [2]. Il correspondait parfaitement à la fonction. J’ai eu l’honneur d’être élu secrétaire général à sa demande et de poursuivre ainsi une collaboration complice entamée depuis longtemps avec lui.
À sa disparition, il fallut lui trouver un successeur. Le consensus se portait sur un responsable politique plus à même de représenter la fondation à l’extérieur. Il y avait dans le conseil d’administration deux parlementaires : Jean-François Lamour et Patrick Braouezec. Le premier ayant décliné la proposition, le choix se porta sur le second. Lors de l’élection, le philosophe André Comte-Sponville, membre du conseil d’administration, lui demanda s’il se sentait de taille à succéder à Philippe Séguin. La remarque, jugée discourtoise par certains, était prémonitoire.
Alors que Philippe Seguin exerçait une présidence collective et chaleureuse de la Fondation du football avec les membres du bureau, le tout avec la rigueur qu’on lui connaît, la gestion de la fondation devint chaotique et solitaire. Les réunions ne commençaient jamais à l’heure, étaient souvent annulées au dernier moment, l’information ne circulait plus. De quoi lasser les meilleures volontés.
À sa disparition, il fallut lui trouver un successeur. Le consensus se portait sur un responsable politique plus à même de représenter la fondation à l’extérieur. Il y avait dans le conseil d’administration deux parlementaires : Jean-François Lamour et Patrick Braouezec. Le premier ayant décliné la proposition, le choix se porta sur le second. Lors de l’élection, le philosophe André Comte-Sponville, membre du conseil d’administration, lui demanda s’il se sentait de taille à succéder à Philippe Séguin. La remarque, jugée discourtoise par certains, était prémonitoire.
Alors que Philippe Seguin exerçait une présidence collective et chaleureuse de la Fondation du football avec les membres du bureau, le tout avec la rigueur qu’on lui connaît, la gestion de la fondation devint chaotique et solitaire. Les réunions ne commençaient jamais à l’heure, étaient souvent annulées au dernier moment, l’information ne circulait plus. De quoi lasser les meilleures volontés.
L’action principale de la fondation semblait se résumer à l’attribution des trophées Philippe Seguin qui venaient récompenser des clubs méritants. C’est une action légitime et bienvenue, mais si elle est nécessaire, elle est loin d’être suffisante.
La fondation n’est aujourd’hui ni une force de proposition, ni de réflexion, ni même un acteur du débat public sur le football, alors que dans tous les domaines les besoins sont immenses. Elle n’a pas su développer son action, les frais de fonctionnement dépassant ceux des activités. Patrick Braouezec semble avoir fait sienne la formule d’Edgar Faure : "L’immobilisme est en mouvement et rien ne pourra l’arrêter". Depuis 2010, quelle action, proposition, réflexion marquante a été faite par la fondation ?
Le découragement et la lassitude gagnaient le bureau, même si les autres membres ont été plus capables de maîtriser une distinction entre les propos tenus en privé sur la gestion de la fondation et sur ce qui était dit en direct à Patrick Braouezec. Pour ma part, je lui avais signalé plusieurs fois qu’il me paraissait difficile de présider une institution basée sur le respect et de montrer autant de désinvolture et de non-respect des personnes et des agendas.
La fondation n’est aujourd’hui ni une force de proposition, ni de réflexion, ni même un acteur du débat public sur le football, alors que dans tous les domaines les besoins sont immenses. Elle n’a pas su développer son action, les frais de fonctionnement dépassant ceux des activités. Patrick Braouezec semble avoir fait sienne la formule d’Edgar Faure : "L’immobilisme est en mouvement et rien ne pourra l’arrêter". Depuis 2010, quelle action, proposition, réflexion marquante a été faite par la fondation ?
Le découragement et la lassitude gagnaient le bureau, même si les autres membres ont été plus capables de maîtriser une distinction entre les propos tenus en privé sur la gestion de la fondation et sur ce qui était dit en direct à Patrick Braouezec. Pour ma part, je lui avais signalé plusieurs fois qu’il me paraissait difficile de présider une institution basée sur le respect et de montrer autant de désinvolture et de non-respect des personnes et des agendas.
Alors qu’il avait déclaré qu’il ne se représenterait pas aux élections législatives de 2012, Patrick Braouezec revint sur son engagement. Distancé par un concurrent socialiste au premier tour, il fut le seul candidat en France à ne pas respecter la règle du désistement républicain, sorte de code d’honneur entre les partis de gauche. Voulant éviter la défaite, il a trahit. Il eut la défaite et la trahison.
Cela posait bien sûr un problème moral – comment expliquer qu’il faut respecter ses adversaires, si l’exemple donné par le président est le non-respect de la parole donnée et de ses propres partenaires ? Il y a aussi un problème d’efficacité. Le président de la Fondation du football n’était plus considéré comme un interlocuteur par de nombreux responsables politiques. Battu aux élections, Patrick Braouezec s’agrippe d’autant plus au poste de président de la fondation. Il la dessert ainsi pour son intérêt personnel.
L’objectif de la fondation reste essentiel et son existence plus que jamais nécessaire. Mais n’ayant pas vocation à jouer les potiches et ayant tout au long de mon parcours professionnel défendu une certaine idée de l’intégrité et de l’adéquation entre les principes énoncés et la pratique, il devenait impossible – et inutile – de continuer dans les circonstances actuelles à siéger au bureau.
Cela posait bien sûr un problème moral – comment expliquer qu’il faut respecter ses adversaires, si l’exemple donné par le président est le non-respect de la parole donnée et de ses propres partenaires ? Il y a aussi un problème d’efficacité. Le président de la Fondation du football n’était plus considéré comme un interlocuteur par de nombreux responsables politiques. Battu aux élections, Patrick Braouezec s’agrippe d’autant plus au poste de président de la fondation. Il la dessert ainsi pour son intérêt personnel.
L’objectif de la fondation reste essentiel et son existence plus que jamais nécessaire. Mais n’ayant pas vocation à jouer les potiches et ayant tout au long de mon parcours professionnel défendu une certaine idée de l’intégrité et de l’adéquation entre les principes énoncés et la pratique, il devenait impossible – et inutile – de continuer dans les circonstances actuelles à siéger au bureau.
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[1] On peut trouver curieux que le Président de la Ligue d’Ile de France, Jamel Sandjak, n’ait pas été invité à la remise des Trophées. Des accusations de "communautarisme" ont été lancées, y compris au sein du bureau de la Fondation. Plutôt gênant quand on sait que l’un des défis du football français consiste à refléter dans les instances dirigeantes la diversité qu’on observe sur les terrains.
[2] Lorsque l’ancien président du Paris-Saint-Germain, Daniel Hechter, dans un livre publié l’an dernier, a violemment attaqué la mémoire de Philippe Séguin, la Fondation n’a pas jugé nécessaire de réagir.
[2] Lorsque l’ancien président du Paris-Saint-Germain, Daniel Hechter, dans un livre publié l’an dernier, a violemment attaqué la mémoire de Philippe Séguin, la Fondation n’a pas jugé nécessaire de réagir.