13.12.2024
Avancée des djihadistes en Irak : que les partisans de la guerre se taisent enfin
Édito
17 juin 2014
Les djihadistes sont en train de se tailler un fief en Irak deux ans après le retrait américain. Bagdad ne va pas tomber à son tour. Au pire, les Américains lanceront une opération aérienne pour empêcher une nouvelle avancée. Mais le pays et la région sont déstabilisés pour longtemps, la violence et le terrorisme se développent. La question de l’avenir de l’Irak comme État est posée.
Comme toujours, la théorie du complot joue. Certains disent que c’était le but initial des États-Unis d’affaiblir durablement l’Irak, d’émietter la puissance arabe afin de mieux régner en maître dans la région. Certes, la région souffre depuis longtemps d’ingérence extérieure. Mais en l’occurrence, l’incompétence est plus à blâmer qu’une intelligence machiavélique.
Ce qui se passe à l’heure actuelle en Irak met encore plus en lumière la justesse des positions françaises de 2003. C’est peu dire si les raisons de s’opposer à la guerre d’Irak hautement portées par la diplomatie française se révèlent chaque jour un peu plus exactes. On peut même dire que les opposants à la guerre ont sous-estimé les tourments qui pouvaient survenir. Et il est d’autant plus regrettable qu’à partir de 2005, la France est plus ou moins rentrée dans le rang de peur d’être "punie" par les Américains. À l’inverse, les partisans de la guerre, les néocons français qui soutenaient l’intervention militaire américaine en Irak au nom de la promotion de la démocratie et de la lutte contre la prolifération des armes nucléaires, se font moins entendre aujourd’hui.
Le 14 avril 2003, Pascal Bruckner, André Glucksman et Romain Goupil écrivaient dans Le Monde : "Il faudra raconter un jour l’hystérie, l’intoxication collective qui ont frappé l’Hexagone depuis des mois, (…) l’ambiance quasi soviétique qui a soudé 90% de la population dans le triomphe d’une pensée monolithique [opposée à l’intervention américaine]."
En 2004, dans un livre, "Irak, An I", Pascal Buckner écrivait page 261 : "Il serait juste que le camp de la paix commence à sentir les premières morsures du doute." Les éprouve-t-il lui-même maintenant ?
Comme toujours, la théorie du complot joue. Certains disent que c’était le but initial des États-Unis d’affaiblir durablement l’Irak, d’émietter la puissance arabe afin de mieux régner en maître dans la région. Certes, la région souffre depuis longtemps d’ingérence extérieure. Mais en l’occurrence, l’incompétence est plus à blâmer qu’une intelligence machiavélique.
Ce qui se passe à l’heure actuelle en Irak met encore plus en lumière la justesse des positions françaises de 2003. C’est peu dire si les raisons de s’opposer à la guerre d’Irak hautement portées par la diplomatie française se révèlent chaque jour un peu plus exactes. On peut même dire que les opposants à la guerre ont sous-estimé les tourments qui pouvaient survenir. Et il est d’autant plus regrettable qu’à partir de 2005, la France est plus ou moins rentrée dans le rang de peur d’être "punie" par les Américains. À l’inverse, les partisans de la guerre, les néocons français qui soutenaient l’intervention militaire américaine en Irak au nom de la promotion de la démocratie et de la lutte contre la prolifération des armes nucléaires, se font moins entendre aujourd’hui.
Le 14 avril 2003, Pascal Bruckner, André Glucksman et Romain Goupil écrivaient dans Le Monde : "Il faudra raconter un jour l’hystérie, l’intoxication collective qui ont frappé l’Hexagone depuis des mois, (…) l’ambiance quasi soviétique qui a soudé 90% de la population dans le triomphe d’une pensée monolithique [opposée à l’intervention américaine]."
En 2004, dans un livre, "Irak, An I", Pascal Buckner écrivait page 261 : "Il serait juste que le camp de la paix commence à sentir les premières morsures du doute." Les éprouve-t-il lui-même maintenant ?
Il faut se rappeler du climat de l’époque, alors que la majorité des Français était hostile à la guerre et voyait avec pertinence les dangers qu’elle comportait. De nombreux intellectuels médiatiques et éditorialistes s’affirmaient par contre en faveur d’une intervention. C’était leur droit. Mais ils sont allés au-delà du débat démocratique en accusant les opposants à la guerre d’être complices de la dictature de Saddam, d’être atteints d’un syndrome de Stockholm à l’égard des dictatures arabes. S’éloignant d’un débat qui pouvait se concevoir sur les perspectives d’une intervention militaire pour établir la démocratie, ils n’ont eu de cesse de diaboliser ceux qui s’y opposaient pour les présenter comme stipendiés par un des régimes les plus horribles.
Ont-ils appris de leurs erreurs ? Certainement pas. Ils continuent à donner des leçons de morale à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. On les a encore récemment vu à l’œuvre à propos de la question ukrainienne où ils ont de nouveau mis en œuvre une lecture manichéenne et simpliste d’une question pourtant complexe.
Leurs erreurs répétées, loin de les déconsidérer, leur assurent toujours une place centrale dans les médias. Ils ont toujours l’image de l’arbitre des élégances sur les questions morales alors qu’ils font très souvent une lecture à géométrie variable des principes éthiques. Ils étaient nombreux en 2002-2003, encore nombreux en tout début 2004, à plaider au nom de la lutte contre la prolifération des armes nucléaires ou de la promotion de la démocratie en faveur l’intervention militaire en Irak.
Ils se font depuis plus discrets, mais seulement à propos de l’Irak. Pour le reste des questions internationales, ils ont encore des tonnes de leçons à donner à la terre entière. Combien de temps encore bénéficieront-ils de cette mansuétude complice des médias ? Si l’on veut combattre les théories du complot, il ne faut pas mettre en avant les faussaires.