13.12.2024
Israël/Palestine : l’État hébreu ferait mieux de prendre exemple sur d’autres pays
Édito
22 juillet 2014
L’argumentation du gouvernement israélien pour justifier les bombardements sur la population civile de Gaza est de lutter contre l’organisation terroriste qu’est selon lui le Hamas. Cette organisation est en effet placée sur la liste des organisations terroristes par l’Union européenne et les États-Unis, et ce, à la demande d’Israël. Cela permet de mettre en place une double ligne de défense.
Ceux qui critiquent l’action du gouvernement israélien sont antisémites, ceux qui condamnent les bombardements de la population civile de Gaza sont en fait des soutiens du terrorisme. Cette double stigmatisation "antisémite" et "partisan du terrorisme" est censée faire taire toute critique, y compris contre les bombardements de population civile.
À y regarder de plus près on peut cependant mettre en cause sans difficulté cette argumentation.
Ceux qui critiquent l’action du gouvernement israélien sont antisémites, ceux qui condamnent les bombardements de la population civile de Gaza sont en fait des soutiens du terrorisme. Cette double stigmatisation "antisémite" et "partisan du terrorisme" est censée faire taire toute critique, y compris contre les bombardements de population civile.
À y regarder de plus près on peut cependant mettre en cause sans difficulté cette argumentation.
Assimiler toute critique politique du gouvernement israélien à de l’antisémitisme a fait long feu et ne trompe plus guère personne. Il y a des Israéliens dont le patriotisme ne peut être mis en cause qui sont les premiers à critiquer les actuelles opérations militaires. Quant au soutien au terrorisme, il faut se rappeler que le Hamas a été soutenu initialement par les services israéliens pour contrer l’influence du Fatah [1].
Le Hamas et le Likoud s’étaient mis d’accord pour refuser le processus d’Oslo soutenu par le Parti travailliste israélien et par le Fatah. Netanyahou et le Hamas faisaient à l’époque cause commune tout en s’invectivant. Il faut se rappeler le torrent d’injures et des calomnies que Sharon, Netanyahou et le Likoud ont déversé sur Yitzhak Rabin avant qu’il ne soit assassiné.
Avec la reprise de l’intifada, à chaque fois que le Hamas commettait un attentat, l’armée israélienne visait en représailles les infrastructures de l’Autorité palestinienne. Elle affaiblissait cette dernière sans toucher le Hamas. Le retrait unilatéral de la bande de Gaza présenté à l’époque comme un magnifique geste de paix de la part de Sharon a également eu pour effet de renforcer le Hamas. S’il avait été négocié avec l’Autorité palestinienne cela aurait donné du crédit auprès des Palestiniens à ceux qui voulaient négocier avec Israël. Comme cela a été fait de façon unilatérale, Mahmoud Abbas qui venait d’être élu n’en a tiré aucun bénéfice. Le Hamas a pu communiquer sur le fait que c’est son action militaire qui avait contraint les Israéliens au retrait.
À l’époque Yossi Beilin avait averti que s’il n’y avait pas retrait négocié avec l’Autorité palestinienne, le Hamas gagnerait les élections, ce qui fut fait en janvier 2006. Les Occidentaux, dont une grande partie avait justifié la guerre d’Irak au nom de la promotion de la démocratie, ont refusé tout contact avec le nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas.
Peu après, se mettait en place le blocus dont la population de Gaza allait être victime. Par la suite, l’alternance de négociations improductives entre Israël et l’Autorité palestinienne ou l’absence de toute négociation, sur fond de poursuite de la colonisation et des humiliations, allaient faire perdre une grande partie de sa légitimité à Mahmoud Abbas. Puisque ceux qui disaient vouloir négocier avec les Israéliens n’obtenaient rien en retour sur le plan politique, ceux qui prônaient la voie de l’affrontement ne pouvaient qu’être renforcés.
On peut tout à fait comprendre le désir de combattre le terrorisme mais cela ne doit pas empêcher par ailleurs de réfléchir à ses causes et ne pas limiter la réflexion à ses effets.
Si l’Espagne ou la Grande-Bretagne avait combattu le terrorisme irlandais ou basque de la même façon qu’Israël combat le terrorisme palestinien il est certain qu’on ne serait jamais parvenu à un accord. L’armée britannique ou espagnole n’a jamais détruit les maisons des familles de membres de l’ETA ou de l’IRA, et n’ont pas fait un blocus autour du Pays basque ou de l’Irlande bombardant à intervalles réguliers les civils.
C’est ce qu’a déclaré, avec une très grande pertinence, Daniel Ben Simon, ancien député travailliste israélien dans le Journal du dimanche du 20 juillet : "Il faut essayer de réduire le terrorisme par une approche plus humaine, investir économiquement des milliards de dollars dans Gaza afin que sa population retrouve au niveau de vie de celui qui existe en Cisjordanie et leur offrir la perspective de vivre comme nous."
On peut trouver cette approche préférable à celle de l’humaniste Jacques Kupfer, qui, a une autre solution : "Si nous voulons mettre un terme à la guerre, nous devons raser Gaza. Gaza doit devenir un champ de ruines d’où ne peuvent sortir que des gémissements."
Le Hamas et le Likoud s’étaient mis d’accord pour refuser le processus d’Oslo soutenu par le Parti travailliste israélien et par le Fatah. Netanyahou et le Hamas faisaient à l’époque cause commune tout en s’invectivant. Il faut se rappeler le torrent d’injures et des calomnies que Sharon, Netanyahou et le Likoud ont déversé sur Yitzhak Rabin avant qu’il ne soit assassiné.
Avec la reprise de l’intifada, à chaque fois que le Hamas commettait un attentat, l’armée israélienne visait en représailles les infrastructures de l’Autorité palestinienne. Elle affaiblissait cette dernière sans toucher le Hamas. Le retrait unilatéral de la bande de Gaza présenté à l’époque comme un magnifique geste de paix de la part de Sharon a également eu pour effet de renforcer le Hamas. S’il avait été négocié avec l’Autorité palestinienne cela aurait donné du crédit auprès des Palestiniens à ceux qui voulaient négocier avec Israël. Comme cela a été fait de façon unilatérale, Mahmoud Abbas qui venait d’être élu n’en a tiré aucun bénéfice. Le Hamas a pu communiquer sur le fait que c’est son action militaire qui avait contraint les Israéliens au retrait.
À l’époque Yossi Beilin avait averti que s’il n’y avait pas retrait négocié avec l’Autorité palestinienne, le Hamas gagnerait les élections, ce qui fut fait en janvier 2006. Les Occidentaux, dont une grande partie avait justifié la guerre d’Irak au nom de la promotion de la démocratie, ont refusé tout contact avec le nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas.
Peu après, se mettait en place le blocus dont la population de Gaza allait être victime. Par la suite, l’alternance de négociations improductives entre Israël et l’Autorité palestinienne ou l’absence de toute négociation, sur fond de poursuite de la colonisation et des humiliations, allaient faire perdre une grande partie de sa légitimité à Mahmoud Abbas. Puisque ceux qui disaient vouloir négocier avec les Israéliens n’obtenaient rien en retour sur le plan politique, ceux qui prônaient la voie de l’affrontement ne pouvaient qu’être renforcés.
On peut tout à fait comprendre le désir de combattre le terrorisme mais cela ne doit pas empêcher par ailleurs de réfléchir à ses causes et ne pas limiter la réflexion à ses effets.
Si l’Espagne ou la Grande-Bretagne avait combattu le terrorisme irlandais ou basque de la même façon qu’Israël combat le terrorisme palestinien il est certain qu’on ne serait jamais parvenu à un accord. L’armée britannique ou espagnole n’a jamais détruit les maisons des familles de membres de l’ETA ou de l’IRA, et n’ont pas fait un blocus autour du Pays basque ou de l’Irlande bombardant à intervalles réguliers les civils.
C’est ce qu’a déclaré, avec une très grande pertinence, Daniel Ben Simon, ancien député travailliste israélien dans le Journal du dimanche du 20 juillet : "Il faut essayer de réduire le terrorisme par une approche plus humaine, investir économiquement des milliards de dollars dans Gaza afin que sa population retrouve au niveau de vie de celui qui existe en Cisjordanie et leur offrir la perspective de vivre comme nous."
On peut trouver cette approche préférable à celle de l’humaniste Jacques Kupfer, qui, a une autre solution : "Si nous voulons mettre un terme à la guerre, nous devons raser Gaza. Gaza doit devenir un champ de ruines d’où ne peuvent sortir que des gémissements."
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[1] CF. Charles Enderlin, Le grand aveuglement, Albin Michel, 2004