13.12.2024
Référendum en Écosse : derrière le sécessionnisme, la volonté de garder ses richesses
Édito
17 septembre 2014
Le référendum sur l’indépendance en Écosse et le débat sur la possibilité d’en organiser un en Catalogne met au premier plan de l’actualité un phénomène qui prend une importance stratégique majeure : le sécessionnisme.
Sur les cinq continents, des entités réclament leur indépendance par rapport à l’État central. Très souvent sont mises en avant des différences nationales et/ou culturelles qui ne seraient pas suffisamment respectées. Mais la réalité de la revendication est beaucoup prosaïque et déclenchée par la perception d’être plus riche que ceux dont on veut se séparer. Le sécessionnisme est avant tout le fruit de la volonté de ne plus continuer à partager ce qui pourrait être gardé pour soi seul. Nul doute qu’il y a des différences fortes entre Anglais et Écossais, entre Catalans et Castillans, et que la relation historique entre eux a été plus que houleuse. Mais aujourd’hui, les droits nationaux des uns et des autres sont largement respectés. Les différences nationales ne sont plus niées et encore moins pénalisées. La Catalogne pèse près de 20% du PIB espagnol pour moins de 16% de sa population totale, et le PIB par habitant y est supérieur (27.430 euros en Catalogne contre 23.271 euros en Espagne, chiffres de 2011). L’Écosse, 8,3% de la population du Royaume-Uni, représente près de 10% de son PIB et le PIB par habitant y est de 29.068 euros contre 26.198 euros au Royaume-Uni. C’est également une différence de richesse qui pousse les Flamands à ne plus vouloir supporter les Wallons ; la Padanie à vouloir se séparer de l’Italie.
S’il devait y avoir indépendance, elle se passerait bien sur pacifiquement, mais peut-être douloureusement dans le cas des démocraties espagnoles et britanniques. Ce n’est pas le cas ailleurs. Ces tensions sécessionnistes sont à l’œuvre de façon encore plus dangereuse sur les autres continents. Au-delà des différences nationales, on oublie que l’éclatement de la Yougoslavie a été tout d’abord le fait de la Slovénie, partie la plus riche de la fédération et qui estimait, ce qui fut vérifié par le fait, qu’en se séparant de la Yougoslavie elle rentrerait plus facilement dans l’Union européenne. L’actualité stratégique met au premier plan le problème du Kurdistan irakien. Là encore, la répression des droits nationaux a existé dans le passé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et si les Kurdes irakiens veulent se séparer, c’est pour garder pour eux la rente pétrolière. On remarque d’ailleurs qu’ils ne militent pas pour un grand Kurdistan. Bien sûr, pour ne pas effaroucher Turcs, Syriens et Iraniens, mais surtout pour ne pas partager leur pactole avec des Kurdes plus pauvres. Il y a bien sûr des différences et un conflit entre les deux Soudan, mais le facteur pétrolier est important. Quant à l’enclave de Cabinda, acquise depuis très longtemps, qui veut se séparer de l’Angola, il est clair que le contrôle du pétrole compte beaucoup plus que l’affirmation nationale.
Les guerres de sécession ne sont pas des guerres d’indépendance. Il ne s’agit pas de peuples coloniaux qui réclament la dignité d’avoir un État, mais plutôt de peuples qui veulent conserver des ressources naturelles abondantes. Le divorce n’est pas toujours de velours comme entre la République tchèque et la Slovaquie. Il y avait une cinquantaine d’États lors de la création de l’ONU, la décolonisation, puis l’éclatement des empires soviétiques et yougoslaves ont fait qu’ils sont aujourd’hui près de 200 et il y a un phénomène de prolifération étatique beaucoup plus réel et peut-être plus dangereux que la prolifération des armes de destruction massive dont on parle beaucoup. Aujourd’hui les guerres de sécession sont plus nombreuses que celles de conquêtes. La volonté sécessionniste, vue comme un danger mortel par l’Etat central, provoque souvent une répression qui débouche sur une guerre civile. Il y a le risque d’une planète émiettée et fragmentée. Ce serait l’aveu implicite qu’il n’est plus possible de vivre ensemble si on n’est pas exactement pareil, que le partage est devenu de plus en plus insupportable.
Sur les cinq continents, des entités réclament leur indépendance par rapport à l’État central. Très souvent sont mises en avant des différences nationales et/ou culturelles qui ne seraient pas suffisamment respectées. Mais la réalité de la revendication est beaucoup prosaïque et déclenchée par la perception d’être plus riche que ceux dont on veut se séparer. Le sécessionnisme est avant tout le fruit de la volonté de ne plus continuer à partager ce qui pourrait être gardé pour soi seul. Nul doute qu’il y a des différences fortes entre Anglais et Écossais, entre Catalans et Castillans, et que la relation historique entre eux a été plus que houleuse. Mais aujourd’hui, les droits nationaux des uns et des autres sont largement respectés. Les différences nationales ne sont plus niées et encore moins pénalisées. La Catalogne pèse près de 20% du PIB espagnol pour moins de 16% de sa population totale, et le PIB par habitant y est supérieur (27.430 euros en Catalogne contre 23.271 euros en Espagne, chiffres de 2011). L’Écosse, 8,3% de la population du Royaume-Uni, représente près de 10% de son PIB et le PIB par habitant y est de 29.068 euros contre 26.198 euros au Royaume-Uni. C’est également une différence de richesse qui pousse les Flamands à ne plus vouloir supporter les Wallons ; la Padanie à vouloir se séparer de l’Italie.
S’il devait y avoir indépendance, elle se passerait bien sur pacifiquement, mais peut-être douloureusement dans le cas des démocraties espagnoles et britanniques. Ce n’est pas le cas ailleurs. Ces tensions sécessionnistes sont à l’œuvre de façon encore plus dangereuse sur les autres continents. Au-delà des différences nationales, on oublie que l’éclatement de la Yougoslavie a été tout d’abord le fait de la Slovénie, partie la plus riche de la fédération et qui estimait, ce qui fut vérifié par le fait, qu’en se séparant de la Yougoslavie elle rentrerait plus facilement dans l’Union européenne. L’actualité stratégique met au premier plan le problème du Kurdistan irakien. Là encore, la répression des droits nationaux a existé dans le passé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et si les Kurdes irakiens veulent se séparer, c’est pour garder pour eux la rente pétrolière. On remarque d’ailleurs qu’ils ne militent pas pour un grand Kurdistan. Bien sûr, pour ne pas effaroucher Turcs, Syriens et Iraniens, mais surtout pour ne pas partager leur pactole avec des Kurdes plus pauvres. Il y a bien sûr des différences et un conflit entre les deux Soudan, mais le facteur pétrolier est important. Quant à l’enclave de Cabinda, acquise depuis très longtemps, qui veut se séparer de l’Angola, il est clair que le contrôle du pétrole compte beaucoup plus que l’affirmation nationale.
Les guerres de sécession ne sont pas des guerres d’indépendance. Il ne s’agit pas de peuples coloniaux qui réclament la dignité d’avoir un État, mais plutôt de peuples qui veulent conserver des ressources naturelles abondantes. Le divorce n’est pas toujours de velours comme entre la République tchèque et la Slovaquie. Il y avait une cinquantaine d’États lors de la création de l’ONU, la décolonisation, puis l’éclatement des empires soviétiques et yougoslaves ont fait qu’ils sont aujourd’hui près de 200 et il y a un phénomène de prolifération étatique beaucoup plus réel et peut-être plus dangereux que la prolifération des armes de destruction massive dont on parle beaucoup. Aujourd’hui les guerres de sécession sont plus nombreuses que celles de conquêtes. La volonté sécessionniste, vue comme un danger mortel par l’Etat central, provoque souvent une répression qui débouche sur une guerre civile. Il y a le risque d’une planète émiettée et fragmentée. Ce serait l’aveu implicite qu’il n’est plus possible de vivre ensemble si on n’est pas exactement pareil, que le partage est devenu de plus en plus insupportable.