13.12.2024
Centrafrique : quels sont les enjeux ?
Interview
14 octobre 2013
Actuellement, la situation est relativement contrôlée à Bangui, les troupes françaises contrôlant l’aéroport et la ville étant relativement calme. Ceci étant, dans le reste du pays, il y a des situations très instables, avec des conflits entre les populations et les forces rebelles anciennes de la Séléka. Différents groupes commettent des exactions, notamment contre les femmes, et il y a de nombreux pillages. Le pays reste donc globalement non contrôlé, en dehors de sa capitale.
Comment interpréter la visite de Laurent Fabius en Centrafrique et la décision de l’envoi de troupes françaises alors que quatre pays africains sont déjà présents dans la région ?
Il faut savoir que les Français sont présents sur le terrain au travers de 550 militaires, dont plus de 400 contrôlent actuellement l’aéroport de Bangui. La France est comme toujours en première ligne puisqu’elle a signé des accords de coopération et de défense avec la Centrafrique. A cet égard, elle avait considéré qu’elle n’avait pas à soutenir le régime de Bozizé dans la mesure où il s’agissait d’une question intérieure alors que les accords prévoient une intervention de la France à la seule condition d’existence de menaces extérieures.
Mais la France s’intéresse évidemment à la Centrafrique qui est un pays francophone, membre de la zone franc et abritant certaines bases militaires. Elle est donc, dans une certaine mesure, un des leaders. D’autant plus que, selon les termes de François Hollande, il existe un risque de « somalisation » de la Centrafrique.
Pour le moment, seules des troupes africaines sont présentes. Mais elles pourraient être relayées par des forces des Nations unies. Toutefois, dans ce domaine, c’est toujours la France qui joue le rôle de l’Etat gendarme. Et, même si les Européens sont sur le terrain dans le secteur humanitaire – Laurent Fabius était d’ailleurs accompagné de responsables humanitaires européens –, il n’en demeure pas moins que l’UE reste absente du jeu militaire.
Concrètement pensez-vous que les opérations de pacification soient suffisantes pour ramener une stabilité en Centrafrique ?
Ce sont des conditions évidemment nécessaires bien qu’elles soient insuffisantes. Il est prévu que le gouvernement transitoire cède la place, en 2015, dans le cadre de nouvelles élections.
Certes, l’enjeu de la sécurité est prioritaire mais il faut aussi trouver des réponses à différentes menaces. En effet, il faut savoir que la Centrafrique est un pays enclavé, entouré de pays en guerre – exception faite du Cameroun – et c’est donc également un problème de sécurité régionale qui se pose. Là aussi, comme au Mali, les défis à relever sont non-négligeables. Il convient aussi de rappeler qu’il s’agit d’un pays extrêmement pauvre et où, malgré les ressources minières et pétrolières, il n’y a pas de grands enjeux stratégiques, ce qui en fait un pays relativement oublié du monde.