19.12.2024
Quel est le bilan de la politique étrangère menée par François Hollande, un an après son élection ?
Interview
6 mai 2013
Nicolas Sarkozy était présenté comme énergique, mais il était également cassant, clivant, alors que François Hollande est beaucoup plus consensuel. Il a normalisé les relations de personne à personne avec de nombreux chefs d’Etats et de gouvernements, relations qui étaient beaucoup plus conflictuelles avec Nicolas Sarkozy.
On peut observer des inflexions mais pas une révolution car les politiques étrangères ne changent pas fondamentalement d’un président à l’autre. Finalement, François Hollande n’est pas revenu sur la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer les organes militaires intégrés de l’OTAN. Il a en revanche accéléré le retrait d’Afghanistan. On peut dire deux choses sur le fond : en termes de politique intérieure, la stigmatisation des musulmans et des immigrés lors des derniers mois de la présidence avait eu un impact négatif à l’étranger que l’on ne retrouve pas avec François Hollande. Celui-ci a un discours beaucoup plus apaisant vis-à-vis de la société française qui a des répercussions positives à l’étranger. Par ailleurs, les relations avec des pays comme le Mexique, la Turquie, voire le Japon qui avaient été vexés par des propos de Nicolas Sarkozy ont été réparées. Il y a donc un mieux sur l’ensemble des relations personnelles et sur les conséquences à l’étranger des discours de politique intérieure.
Quel bilan peut-on dresser de la gestion des grands dossiers de politique étrangère durant cette première année de présidence ?
Le dossier le plus marquant est certainement l’intervention au Mali, en partie car François Hollande a agi contrairement à la présentation qui était faite de sa politique : on lui reprochait ses hésitations, sa procrastination ; il a décidé dans l’urgence, par rapport à une situation elle-même urgente. Certes, l’affaire n’est pas finie, il n’est pas certain que tout se passe bien, mais, globalement, on peut dire que le pire a été évité. Cette intervention a permis que les djihadistes ne prennent Bamako. Il n’y a pas que des avantages à cette intervention mais ne rien faire aurait été beaucoup plus grave.
Les reproches qui ont été faits à François Hollande sur son inaction en Syrie sont plutôt injustes. On ne peut pas comparer ce qui s’est passé en Libye et en Syrie. Ce qui s’est passé en Libye a des répercussions négatives sur la Syrie. On y paie le prix de l’action en Libye, en quelque sorte. Par ailleurs, sur ce dossier, François Hollande ne se distingue pas des autres dirigeants occidentaux qui voient avec beaucoup de circonspection ce qu’il est possible de faire en Syrie.
Quels sont les défis à venir pour la France sur la scène internationale ? Le président Hollande doit-il selon vous s’investir davantage sur certains dossiers ?
Un accent est mis sur la diplomatie économique qui concerne tant la construction européenne que les relations avec les pays extérieurs. Les voyages de François Hollande en Russie et en Chine ont illustré ce point. François Hollande interfère politique intérieure et politique étrangère : il cherche à ce que notre politique extérieure soit porteuse de marchés. La priorité absolue étant l’amélioration de la situation économique en France, il est très attendu sur ce point.
Il manque encore peut-être une vision d’ensemble. Malgré le discours devant les ambassadeurs et le discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU, il n’y a pas encore eu de discours fondateur de la vision que François Hollande a du monde et de la France dans le monde, donc ceci est encore à venir.