19.12.2024
Quel bilan diplomatique des six premiers mois de la présidence Hollande ?
Interview
14 novembre 2012
Non. Les grands axes de notre diplomatie n’ont pas été bouleversés. On peut noter cependant un changement de style important : François Hollande est moins clivant que Nicolas Sarkozy, et est plus à la recherche d’un consensus avec les différents partenaires. Nicolas Sarkozy aimait apparaître comme quelqu’un qui arrache des décisions ; François Hollande préfère faire en sorte que des solutions puissent éventuellement apparaître. Sur le long terme, cela peut changer les relations avec ses homologues.
Il y a également un ton moins agressif ou cassant avec des pays importants comme le Japon, le Mexique ou la Turquie. Enfin, le changement de tonalité sur les questions de politique intérieure telles l’immigration et l’islam, qui avaient tendance à être stigmatisées à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, a un impact positif sur la perception de la France dans les pays musulmans et en Afrique.
Le dossier syrien est une des rares thématiques de politique étrangère abordée par le président de la République lors de sa conférence de presse d’hier. La stratégie de la France sur ce dossier syrien vous semble-t-elle adaptée ?
Le débat opposant l’attitude de Nicolas Sarkozy en Libye à celle de François Hollande en Syrie est clos. Chacun a compris qu’il s’agissait de deux dossiers tout à fait différents, et qu’aucune comparaison militaire ou stratégique n’était possible. Sans compter qu’on paye en Syrie le fait d’avoir modifié en cours de route le sens de la résolution 1973, en allant de la responsabilité de protéger à un changement de régime.
D’ailleurs, la France n’est pas isolée sur ce dossier par rapport aux autres pays occidentaux. François Hollande avait appelé l’opposition syrienne à s’unir avant de la reconnaître comme représentante du peuple syrien. L’accord de Doha rend cela possible. Il va donc permettre un engagement plus grand de la France auprès de l’opposition syrienne mais une intervention militaire reste exclue. L’accord de Doha est un progrès, mais il est loin d’être certain qu’une solution rapide au conflit syrien soit possible.
Quelle attitude va adopter la France sur l’éventuelle admission de la Palestine à l’ONU ?
Au cours de la campagne électorale, François Hollande avait pris l’engagement de reconnaître l’État palestinien. Dans son discours devant les ambassadeurs fin août, puis lors de la visite de Benyamin Netanyahou en France fin octobre, il a donné le sentiment qu’il revenait sur cet engagement, reprenant la position israélienne selon laquelle seules des négociations directes entre les deux protagonistes pourraient aboutir à un accord. Il a déclaré lors de sa conférence de presse d’hier que la France regarderait la résolution et prendrait sa décision en conséquence, ce qui veut dire que, par rapport au vote prévu le 29 novembre devant l’Assemblée générale de l’ONU quant à l’admission de l’Etat de la Palestine comme Etat non-membre des Nations Unies, la position du président de la République et de la France n’est pas encore arrêtée. Certes avec 134 pays qui ont déjà reconnu la Palestine, cette dernière n’a pas besoin de la voix française. Mais si cette dernière venait à manquer, la France se sera tenue à l’écart d’un vote historique pour des raisons peu claires et elle en paiera longtemps le prix en termes de prestige.