ANALYSES

Venezuela : Chavez, le plébiscite ?

Interview
8 octobre 2012
Le point de vue de Jean-Jacques Kourliandsky
Comment se sont déroulées les élections ?

Si l’on regarde le climat des élections précédentes, on a été cette fois-ci dans une normalité qui a été reconnue par les deux candidats, le gagnant comme le perdant. Ce dernier a d’ailleurs fait une déclaration tout à fait inhabituelle pour les leaders de l’opposition : « Pour gagner, il faut savoir perdre », a estimé Henrique Capriles.
Deuxième élément notable : la participation a été massive, l’élection a beaucoup mobilisé. Il faut attendre les chiffres définitifs mais, semble-t-il, 80% des inscrits sont allés voter. Dans ce contexte, avec pratiquement dix points d’écart entre le gagnant et le perdant, il n’y a pas de contestation du résultat possible.

Comment expliquer la réélection d’Hugo Chavez ?

Le fait que le sortant ait gagné traduit probablement la difficulté pour l’opposition d’acquérir une crédibilité aux yeux des électeurs. Celle-ci avait réussi cette fois à organiser une primaire et à désigner un candidat crédible. En revanche la crédibilité était moindre en ce qui concernait l’homogénéité de sa plateforme : des partis d’extrême gauche, des partis de droite, démocrates-chrétiens, de centre, centre droit, centre gauche. Les électeurs n’ont donc sans doute pas bien vu le dénominateur commun de ce conglomérat sinon que tous voulaient accéder au pouvoir, étaient contre le sortant, mais pour faire quoi, là se situait l’interrogation.
Beaucoup de ceux ensuite qui votent pour Hugo Chavez le font en raison de sa politique sociale. Le Venezuela est un pays avec un pourcentage très important de population pauvre et celle-ci bénéficie depuis une dizaine d’années de programmes sociaux extrêmement actifs et efficaces. Pour ces populations, il y a une crainte manifestement et cette crainte a encore joué cette fois-ci. Ce qu’il faut bien voir, c’est que l’opposition n’a gagné qu’une seule fois : pour dire non à une proposition de changement de la Constitution d’Hugo Chavez, donc elle a toujours perdu les élections visant à se substituer à Chavez au pouvoir.


Quelles étaient les promesses de campagne d’Hugo Chavez ? A quelle politique peut-on s’attendre ?

Les priorités de Chavez sont l’insécurité et la modernisation de l’outil pétrolier.
L’insécurité est un problème crucial pour tous les Vénézuéliens : qu’ils soient pro ou anti-Chavez, ils souffrent tous de cette situation qui s’est beaucoup dégradée comme dans d’autres pays d’Amérique latine.
Deuxième élément : le pétrole. Chavez comme son opposant, Capriles, avaient signalé qu’il fallait faire un effort de modernisation en matière d’extraction pétrolière : œuvrer pour une meilleure gestion de la société d’Etat PDVSA, mettre en chantier les réserves qui seraient les plus importantes du monde dans une région autour de l’Orénoque et éviter surtout que ne se reproduisent de graves accidents comme celui de la principale raffinerie du pays le 25 août dernier.
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