ANALYSES

Que signifie le retour du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) à la présidence du Mexique après douze ans d’absence ?

Interview
2 juillet 2012
Le point de vue de Jean-Jacques Kourliandsky
Le premier enseignement de la victoire du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) – mené par le nouveau président Enrique Peña Nieto – qui avait perdu les élections de 2000 et de 2006, est la sanction de l’échec des sortants. En effet, le Parti d’action nationale (PAN – affilié à la démocratie chrétienne internationale) a échoué tant sur le plan de l’économie que sur le problème de l’insécurité, surtout depuis l’élection en 2006 du président sortant M. Felipe Calderón. Dès son arrivée au pouvoir, le président Calderón a en effet souhaité trouver par les chemins les plus courts une réponse au problème de l’insécurité générée par le narcotrafic en mettant l’armée dans les rues. Six ans plus tard, le bilan de cette guerre sécuritaire contre les cartels de la drogue est d’environ 60 000 victimes, soit beaucoup plus que ce que les pertes constatées en Afghanistan, alors que le Mexique n’est officiellement en guerre contre personne, sinon contre lui-même.

Mais pourquoi n’est-ce pas le parti plus à gauche du PRI (centre gauche), c’est-à-dire le Parti de la révolution démocratique (PRD), qui a bénéficié de cet échec du parti de droite (PAN) ? Tout simplement parce que le PRD, qui avait failli gagner les élections en 2006, s’est enfermé depuis lors dans une contestation des résultats de ce scrutin, qui n’a jamais pu être prouvée, mais qui a laissé aux Mexicains l’impression d’un parti qui se préoccupait plus de lui-même que des questions que doit affronter la société mexicaine. Ces questions sont l’insécurité et l’emploi. En effet, avec la crise aux Etats-Unis, de nombreux travailleurs mexicains ont été expulsés et reviennent au pays alors que l’économie mexicaine n’est pas en mesure de leur offrir du travail. Qui plus est, le PRD a traversé et continue à traverser des difficultés et des divisions internes qui ont fait douter les électeurs de sa capacité à gouverner. Ils ont donc fait par élimination le choix de revenir au PRI, en espérant que ce parti, qui avait laissé de mauvais souvenirs (rappelés depuis quelques semaines par des manifestations étudiantes dans les grandes villes universitaires), se reprenne. Finalement, les électeurs ont considéré, malgré le risque de retour à des pratiques de fraude électorale et de clientélisme comme à l’époque où gouvernait le PRI (de 1929 à 2000), que l’urgence du moment était le rétablissement de l’emploi et le retour de la sécurité dans les régions les plus affectées par la guerre des cartels de la drogue (notamment dans le Nord du pays).
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