02.01.2025
Où en sont les rapports de force en Syrie après le veto sino-russe ? Quelle est la situation sur place ?
Interview
7 février 2012
Deuxième aspect, s’il est entendu que le rapport de force interne ne dépend que partiellement d’une résolution des Nations unies, une telle décision, si elle avait été votée, aurait fait office de bouffée d’oxygène pour les protestataires syriens. Cependant, je ne pense pas que le véto sino-russe entraine un ralentissement du mouvement de contestation. Nous sommes depuis déjà longtemps dans une situation de bras de fer et, même sans résolution de l’ONU, le mouvement a pris un telle dynamique qu’il continuera son extension, à moins d’être éradiqué totalement par la violence.
Cela veut-il dire que le régime de Bachar Al-Assad est maintenant acculé et qu’il n’a que peu de réserves ? Je ne le pense pas. Nous sommes toujours dans cette situation où, au-delà des évolutions tendancielles, ce pouvoir a encore de la réserve. De la réserve extérieure d’une part, et nous en avons eu la démonstration à l’ONU samedi dernier, mais aussi à l’intérieur du pays où il continue à bénéficier d’une base sociale. C’est depuis ce point de vue qu’il ne faut pas céder au schématisme en considérant la population unie dans la révolte. Bachar Al-Assad bénéficie encore de la sympathie d’un socle social, à la fois basé sur les minorités confessionnelles et ethniques, et d’une partie de la bourgeoisie syrienne qui voit avec inquiétude l’évolution de la situation. Donc, le pouvoir du président en place, même s’il est de plus en plus isolé au niveau international, reste encore solide en interne. Les choses sont donc loin d’être jouées.