20.12.2024
L’aide française est en diminution
Tribune
12 mai 2014
Pourtant une telle diminution n’est pas inéluctable en période de fortes contraintes budgétaires. Comme le montre les Anglais qui cheminent vers le 0,7% bon an, mal an, avec constance, des Travaillistes aux Conservateurs. L’APD du Royaume-Uni a progressé de 27,8 %. L’Italie, qui avait coupé dans ses lignes budgétaires en 2012, progresse aussi de 13,4 %.
Avec les arbitrages budgétaires en cours pour atteindre les 50 milliards d’euros d’économie d’ici à 2017, le programme « Solidarité avec les pays en développement» du Budget de l’Etat serait menacé en 2015 d’une baisse de 200 millions d’euros.
La nouvelle de la diminution fait mauvais effet alors que la France réaffirme son attachement à l’Afrique, principale bénéficiaire, et au moment où se discute au Parlement la Loi Canfin sur le développement. Avec des moyens en baisse, elle risque fort d’être privée de substance.
Baisser les moyens de la coopération internationale revient d’abord à réduire l’effort en direction des pays les plus pauvres, pourtant qualifiés de « prioritaires » par le gouvernement, et à leur ôter des moyens pour la scolarisation, la protection sociale et la santé.
Les subventions sont affectées par les restrictions budgétaires, mais aussi les prêts dits concessionnels de l’Agence française de développement qui ont besoin d’un élément-don pour se monter et bénéficier aux Etats, aux collectivités et aux entreprises publiques.
Baisser les moyens budgétaires revient donc à reculer sur le front de la lutte contre la pauvreté, mais aussi à réduire le financement des biens publics mondiaux. Le climat et la biodiversité, la lutte contre le sida et les autres grandes pandémies, l’éradication de la faim, etc., exigent des financements additionnels. De même, les politiques de lutte contre l’évasion fiscale et le développement des ressources domestiques, doivent être accompagnés d’un soutien financier aux pays les plus pauvres afin qu’ils renforcent leurs capacités dans ce domaine.
En fin de compte, la France se prive d’un élément clé de son influence diplomatique et économique. Ainsi en est-il du dispositif culturel, les Instituts français comme les écoles françaises, qui font la différence de la France dans de nombreux pays.
Il s’agit d’une mauvaise économie qui s’accompagne d’un déclassement de la présence française dans les institutions de développement, à Bruxelles, à Washington, à Rome ou à Nairobi.
Faut-il se reporter sur d’autres ressources comme la taxe sur les transactions financières (TTF) ? Véritable serpent de mer des relations européennes, la TTF a repris corps après la crise financière et fait l’objet en ce moment d’intenses discussions à Bruxelles. Son objectif est double : juguler l’extension des activités qui ne servent pas à financer l’économie réelle, et contribuer au financement de projets d’aide au développement. Lancé en 2011, le projet de TTF de l’Union européenne prévoit de taxer à 0,1 % les échanges d’actions et d’obligations et à 0,01 % ceux des produits dérivés. Mais il suscite rapidement l’opposition des principaux centres financiers, Londres et Luxembourg en tête. Onze Etats européens y sont cependant favorables. La Commission chiffre le produit de la taxe à 34 milliards d’euros par an, dans la meilleure hypothèse.
De fait, plusieurs pays, comme l’Italie ou la France, ont déjà mis en place leur TTF. Dans l’Hexagone, depuis août 2012, l’Etat prélève 0,2 % des échanges d’actions des groupes pesant plus d’un milliard d’euros en Bourse, mais cela a rapporté deux fois moins qu’attendu la première année… Et 10% seulement du produit est réservé à l’aide internationale.