ANALYSES

Re-Made in Taiwan

Tribune
23 octobre 2013
Le savoir-faire des entreprises taiwanaises attire également les investisseurs étrangers. Deux firmes électroniques taïwanaises qui assemblent des produits pour l’américain Apple auraient récemment reçu commande pour fabriquer la très attendue « iWatch » d’Apple, une montre « intelligente » comprenant des fonctions proches de celles des smartphones. Inventec sera chargée de 60% de ces commandes, et Quanta Computer pour 40%. L’iWatch, qui sera lancée en 2014, pourrait s’écouler à plus de 60 millions d’unités lors de ses douze premiers mois d’existence, et s’imposer comme le nouveau produit à la mode de la marque à la pomme.

Cet état de forme des industries de haute technologie insulaires ne laisse pas non plus de marbre les investisseurs taiwanais, dont une grande partie des activités se sont au cours des dernières années exportées de l’autre côté du détroit. Selon une récente étude sur l’environnement d’investissement commandée par l’Association des fabricants électriques et électroniques de Taiwan, les entrepreneurs taiwanais expatriés en Chine, également dénommés les taishang , envisageraient de plus en plus de réinvestir dans l’île.
Selon Leu Horng-der [呂鴻德], professeur à l’Université chrétienne Chung Yuan, qui a mené l’étude, la proportion de taishang qui envisage d’accroitre leurs investissements en Chine est en baisse, passant de 52,32% en 2009 à 46,12% en 2013. Dans le même temps, la proportion d’entreprises taiwanaises ayant des usines en Chine qui souhaitent maintenir leur production à Taiwan est passée de 41,77% à 46,34%. Ces chiffres suggèrent qu’un nombre croissant d’entreprises taiwanaises se trouvant en Chine considèrent qu’il est moins avantageux d’accroitre leurs investissements sur le continent chinois que d’implanter de nouvelles usines à Taiwan. L’universitaire en conclut que le gouvernement taiwanais devrait accorder une importance particulière à ce phénomène.

Le message est en partie entendu. D’ici la fin 2013, Taiwan va engager des discussions sur le développement industriel dans le domaine des technologies de communication sans fil de cinquième génération (5G), a annoncé fin août le Premier ministre, Jiang Yi-huah [江宜樺]. Taiwan doit se préparer dès maintenant au développement de ces industries, une source d’innovation et de croissance économique. Les normes relatives à la 5G devraient être formulées à l’horizon 2020, et l’anticipation du gouvernement taiwanais sur cette question répond à un impératif des partenaires économiques, soucieux de placer l’île à l’avant-garde.

Taiwan a compris que le développement de la 5G est un marché potentiellement porteur, à condition toutefois qu’il soit mis en place intelligemment, et notamment en partenariat avec le principal partenaire commercial de l’île, la Chine continentale. A l’occasion d’une conférence portant sur le renforcement de la coopération et des échanges entre les deux rives dans l’industrie des communications, co-organisée à Taichung fin août par l’Institut de recherche sur les technologies industrielles (ITRI) et l’Association chinoise des entreprises de communications, Duh Tyzz-jiun [杜紫軍], vice-ministre de l’Economie, a déclaré son espoir de voir les deux rives explorer les possibilités de coopération dans le domaine de la technologie 5G. Il a aussi noté que la coopération entre Taiwan et la Chine avait débuté, dans ce domaine, en 2008 et que les deux rives avaient depuis formé un grand nombre de partenariats. Liu Lihua [劉利華], vice-ministre chinois des Technologies industrielles et de l’Information, et à la tête de la délégation chinoise à la conférence, a déclaré pour sa part que la coopération entre les deux rives doit être approfondie et adroite pour pouvoir prendre l’avantage sur le marché mondial. Il a souligné l’énorme potentiel que recèle la coopération entre les deux rives qu’il souhaite complémentaires. Une manière de reconnaître la force du Made in Taiwan sur le marché très porteur des hautes technologies dans la communication.

Cet article est publié en partenariat avec la revue ‘Monde chinois, nouvelle Asie’. Thème du dernier numéro ‘Corée, soixante ans de division’.






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