ANALYSES

Les nouvelles armes de Pékin (2)

Tribune
14 mars 2011
Un clou supplémentaire a été enfoncé lorsque Pékin a annoncé son prochain budget de défense. En progression de 12,7%, il passe à 91,5 milliards de dollars. L’annonce a été concomitante avec celle du développement de nouvelles capacités anti missiles balistiques. L’année 2010 avait pourtant été marquée par un ralentissement de cette course en avant, avec une progression de ‘seulement’ 7,5%, dont on aurait voulu penser qu’elle marquait une inflexion. Ce n’était qu’une pause.

Il y a plusieurs années déjà que les dirigeants des pays de la zone et les États-Unis, tous directement concernés, prennent en compte cette montée en puissance que rien ne semble devoir arrêter. Tous leurs responsables militaires faisaient état de la nécessité de renforcer leurs moyens pour répondre à cette nouvelle menace. Celle-ci, toutefois, n’était pas perçue comme une priorité, surtout dans un contexte de crise économique. Les opinions publiques n’étaient pas non plus directement concernées, à l’exception de quelques nationalistes souvent perçus comme des bellicistes, en particulier au Japon. Les choses sont peut-être en train de changer rapidement. Les opinions publiques de plusieurs pays semblent prêtes à accepter les dépenses liées à une course aux armements, qui leur apparaît comme indispensable face aux nouveaux appétits de Pékin.

Le Japon est en première ligne, avec une tradition de nationalisme particulièrement antichinois, qui s’exacerbe quand les incidents maritimes et aéromaritimes se succèdent. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander que le pays se dote d’armes nucléaires. Elles restent encore isolées et les dirigeants ont toujours refusé de passer aux actes. Toutefois, il y a longtemps que les capacités techniques qui permettraient de se doter rapidement de ces armes existent, tout comme celles qui conduiraient à la réalisation de vecteurs balistiques.
L’effort de modernisation des armées chinoises le plus visible est celui consacré à la Marine. Elle était surtout côtière et très obsolète il y a moins de vingt ans. Elle est en train de devenir, même si c’est sans doute moins vite que certains ne le disent, une vraie marine hauturière. En dehors de revendications sur quelques îlots ou zones de pêche, ses voisins craignent surtout pour la sécurité de leurs voies d’approvisionnement maritimes. D’où des achats récents de sous-marins par l’Australie, Singapour, la Malaisie et le Vietnam. Les Etats-Unis ont aussi augmenté leurs patrouilles sous-marines dans le Pacifique, où sont désormais basés 60% de leurs submersibles.

En réponse à la montée en puissance de l’armée de l’air chinoise, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde et l’Australie veulent se doter plus vite qu’ils ne le prévoyaient auparavant de chasseurs de cinquième génération. Aux États-Unis, certains prônent une relance de la chaîne de production des F 22. D’autres pays, comme Singapour, le Vietnam, la Malaisie, la Thaïlande ou la Birmanie modernisent rapidement leurs forces aériennes avec des avions de quatrième génération.

Sur un plan plus politique, les craintes suscitées par Pékin vont dans un sens du renforcement des liens militaires entre les pays de la zone et les Etats-Unis. Cette démarche est relativement logique pour les alliés que sont la Corée du Sud et le Japon. Par contre, il est intéressant de constater que la tentation semble de plus en plus forte pour certains membres de l’ASEAN, au grand dam de Pékin. C’est ainsi que la présence de navires de la Navy est mise à profit par les riverains pour effectuer des exercices qui améliorent leurs qualités opérationnelles.

Lire la première partie de l’article : Les nouvelles armes de Pékin (1)
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