ANALYSES

Gauche Italienne, où es-tu ?

Tribune
7 décembre 2010
Par Giorgia Castagnoli, journaliste
M. Bersani, le secrétaire du Parti Démocrate (PD), le parti de centre-gauche, semble en avoir assez des « tactiques » de Fini qui, depuis plusieurs mois, a consommé sa rupture avec le Cavaliere, lui conservant toutefois son appui parlementaire ainsi que son vote de confiance. Sa stratégie politique lui a ainsi permis entre temps de fonder son parti politique FLI (Futuro e Libertà per l’Italia), de mesurer et d’augmenter ses forces.

Mais, la chose la plus frappante dans la dérive politique et économique de l’Italie est le silence relatif de la gauche. Son rôle marginal, ainsi que sa « peur » d’élections anticipées, qui semble prendre pied au centre-gauche du parlement, sont désarçonnants pour un parti de l’opposition d’un un régime démocratique. Exception faite de la volonté de changer le système électoral de la chambre des Députés, quelles sont les propositions de la gauche? Qui sont ses véritables représentants?

Le leadership de M. Bersani n’arrive en effet pas à convaincre les électeurs de gauche, alors même que le Parti Démocrate a perdu, selon les sondages, un tiers des votes qu’il avait reçu aux dernières élections. Pour exemple, le candidat soutenu par Bersani aux primaires de la gauche des élections municipales milanaises – Stefano Boeri -, pour affronter la très berlusconienne Letizia Moratti, a échoué (ndlr : Giuliano Pisapia, de « Refondation communiste », sera le candidat de la gauche pour les élections municipales milanaises prévues en mai prochain). Nouvelle preuve que le centre-gauche manque de charisme et ne possède pas de véritable force de proposition pour gagner la confiance des électeurs.

Deux autres personnalités du centre-gauche, Massimo d’Alema et Walter Veltroni, semblent vouloir « reprendre la parole » pour réduire le poids de l’axe Bersani/Franceschini (le dernier est le chef du PD à la chambre des Députés) aux élections primaires d’un éventuel « après-Berlusconi ». Ils envisagent un « gouvernement de responsabilité nationale », ouvert à l’UdC de Pier Ferdinando Casini (le parti du Centre) et souhaitent un président du Conseil « au-délà des logiques partisanes ». Il faut donc attendre de voir comment leurs idées seront présentées au parti, ainsi qu’aux citoyens, pour qu’elles deviennent des propositions concrètes. Car, cette inclinaison vers le centre, historiquement catholique et modéré, risque de soulever la critique des électeurs plus à gauche, qui seront peut-être davantage enclin à l’ancien communiste Nichi Vendola, leader de Sinistra Ecologia e Libertà et président des Pouilles. Ce dernier est d’ailleurs le seul à souhaiter le vote anticipé, car « face à la crise du centre-droit et du berlusconisme, l’Italie a besoin d’un changement net, d’un vote démocratique et de se défendre avec un gouvernement capable de gouverner ».

Devant un panorama politique désolant et les nombreux scandales qui s’abattent sur Berlusconi, le PD n’arrive pas à profiter de la situation pour donner une véritable alternative aux citoyens. Certains intellectuels de gauche comme Roberto Saviano animent la vie culturelle et politique du pays, dénonçant les problèmes actuels, et avançant des idées pour faire changer les choses. Pourquoi les hommes politiques ne prennent-ils pas le relais? On a l’impression qu’une nouvelle lymphe est vitale pour relancer les batailles politiques au Parlement. Qu’attend donc le PD pour se réorganiser et agir ?

*giorgiacastagnoli@gmail.com
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