21.11.2024
De l’Amérique et de l’Islam
Tribune
15 septembre 2010
La confusion, souvent l’amalgame, qui est fait entre Islam et terrorisme est douloureusement ressentie par de nombreux Américains musulmans. Aux Etats-Unis, l’un des rares pays occidentaux où la religion est un enjeu politique, l’islamophobie a pris des proportions tellement inquiétantes que le locataire de la Maison Blanche a personnellement lancé un appel au Pasteur de Gainsville pour qu’il renonce à son projet. Le traumatisme des attaques du 11 septembre n’est pas effacé et l’enlisement des troupes américaines en Afghanistan n’est pas de nature à redonner confiance à un pays qui doute et dont le regard sur les musulmans ne cesse de se dégrader.
Sur la perception des musulmans, un sondage qui a été publié le 9 septembre par le Washington Post montre que 49 % des Américains ont une vue défavorable de l’islam, alors qu’en 2002, ils étaient 39 %. De leur côté, les musulmans avaient l’impression d’être mieux intégrés dans la société. Depuis 2006, il y a un élu musulman au Congrès, et la nouvelle Miss America est une jeune femme d’origine libanaise qui vit à Detroit. C’est sans doute très insuffisant pour modifier le regard, mais il faut rappeler qu’en France la représentation au Parlement est inexistante. L’autre facteur encourageant est le fait que l’Islam est la 7ème religion aux Etats-Unis, alors qu’elle est seconde en France.
Il s’agit moins d’un choc religieux que politique au sein du parti Républicain qui est débordé par cette fraction de la droite nationaliste qui coexiste dans cette nébuleuse qu’est le Parti républicain, dont la virulence s’exprime sur des sites Internet qui visent à ‘arrêter l’islamisation de l’Amérique’, surveiller les demandes de permis de construire pour des mosquées, et qui est très active pour lancer des campagnes de désinformation.
Ajouter à cela l’atmosphère de campagne électorale qui est celle du pays à quelques semaines des élections de mi-mandat, et l’on connaît les vraies raisons de ces tensions, qui ont contraint de nombreux élus, à muscler leurs discours.