20.12.2024
Le remaniement ministériel, la politique étrangère et les élections de 2012
Tribune
17 novembre 2010
Mais nous sommes désormais dans une nouvelle phase. Un moment sur la sellette, le premier ministre François Fillon a été reconduit et donc renforcé. Il est l’un des représentants de la tradition gaulliste au sein de l’UMP. Les deux ministères régaliens, Défense et Affaires étrangères, ont également été attribués à des personnalités se revendiquant être de la tradition : Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie. Le nouveau secrétaire d’État aux Affaires européennes, s’il ne s’inscrit pas dans cette tradition, remplace Pierre Lellouche, considéré comme proche des néoconservateurs américains. Il y a donc un véritable coup de barre politique pour ces ministères.
Il y a bien sûr la volonté de s’entourer de deux ministres réputés pour leur solidité, au moment où, de la présidence du G20 à la guerre d’Afghanistan, les dossiers internationaux sont importants et peuvent contribuer au prestige national du président.
Il y a surtout la volonté de préparer d’ores et déjà les échéances politiques de 2012. Le nouveau cours de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, pour être une rupture moins forte dans la réalité que dans la perception, pouvait commencer à devenir un problème pour le président.
À droite, Dominique de Villepin s’engouffrait dans la brèche de la critique d’un d’abandon du gaullisme et d’une perte de prestige de la France, d’une diminution de l’indépendance nationale. Outre la thématique d’une politique des droits de l’homme faite selon elle plus sur une posture que sur une réalité, la gauche faisait également de l’abandon d’une politique gaullo-mitterrandiste, l’axe de sa critique de la diplomatie de Nicolas Sarkozy. Il s’agit donc pour ce dernier de faire face à ce type de critiques pour se préparer aux échéances de 2012. La suppression d’un ministre en charge de l’identité nationale relève également de ce calcul.
Ce n’est pas sur la politique étrangère que les Français se détermineront principalement pour désigner leur président, mais cet élément comptera et si les décisions se jouent à peu de choses comme c’est généralement le cas, il est important de ne pas perdre sur ce terrain auquel les Français restent sensibles.
Le retour à une posture plus conforme à la tradition gaullo-mitterrandiste est à analyser dans ce contexte, et montre qu’elle est toujours populaire auprès des Français.