13.12.2024
Les premières élections libres de la Guinée depuis l’indépendance
Tribune
28 juin 2010
Les urnes ne donneront vraisemblablement pas un candidat ayant obtenu la majorité lors du premier tour. Mais ces élections sont avant tout une grande victoire pour la démocratie. Il importe évidemment que le verdict des urnes soit respecté et que les violences post- électorales soient évitées. La soif de liberté est grande mais la démocratie est à construire.
La Guinée n’a connu en effet, depuis l’indépendance, que deux dictateurs : Sekou Toure (1958-1984) et Lansana Conté (1984-2008). Ce dernier est décédé le 22 décembre 2008 après une longue maladie qui l’avait affaibli mais qui n’avait pas réduit son pouvoir, s’appuyant sur l’armée et son clan pour verrouiller la vie politique. Il appartenait à l’ethnie minoritaire Sassou. La junte militaire avait pris le pouvoir immédiatement après l’annonce du décès avec une relative passivité de la population. Le pays a connu, depuis son décès, de nombreux soubresauts dont les plus violents ont été les massacres du 28 septembre 2009 ayant fait plus de 150 morts. La Guinée a été alors mise au ban de la communauté internationale. Puis il y eut la tentative d’assassinat de Dadis Camara ; le 3 décembre 2009 ; ayant conduit à un gouvernement de transition et à un président par interim, le général Sékouba Konate. Celui-ci, lors de sa rencontre de Rabat du 5 janvier 2010 avec des diplomates français et américains, s’était engagé à remettre le pouvoir aux civils et à éviter le retour de Dadis Camara.
Les défis du nouveau pouvoir sont considérables. L’économie est exsangue et n’a pu être redressée après les années du socialisme de Sekou Touré. Disposant de 2/3 des ressources de bauxite du monde, d’importants gisements en fer, or et diamant, des perspectives dans le pétrole, la Guinée a un des taux de corruption et un des niveaux de pauvreté les plus élevés du monde alors que la jeunesse n’a pas de perspectives. Les liens avec les réseaux de drogue d’une partie de l’armée sont avérés et dénoncés par Crisis Group . Et rien ne dit que Dadis Camara ou qu’une partie de l’armée s’avoueront exclus du jeu politique.
Mais quel que soit le vainqueur final, ces élections sont une grande avancée de la démocratie.