13.12.2024
Les élections nationales et régionales en Ethiopie
Tribune
19 mai 2010
L‘enjeu des élections de mai 2010 est le renouvellement des deux chambres parlementaires en Ethiopie. La Chambre des Représentants des Peuples (4) (élus par le peuple au suffrage universel direct pour cinq ans) est la plus haute autorité législative du gouvernement fédéral (HPR). La deuxième chambre est la Chambre de la Fédération (5) (la HF est composée par des représentants des Nations, Nationalités et Peuples d’Ethiopie élus pour cinq ans). Le Premier ministre est élu par les membres de la Chambre des Représentants des Peuples et est issu du parti ou de la coalition qui a obtenu la majorité aux élections. La durée de son mandat est liée à celle de la Chambre des Représentants des Peuples. Le Président de la République n’a qu’un rôle protocolaire.
L’actuel Premier Ministre, Mälläs Zénawi, a affirmé que son administration était déterminée à garantir le bon déroulement des élections de 2010 dans un climat de paix et de démocratie.
Une loi (6) définissant un code de « conduite électorale » a été votée par le Parlement pour éviter les débordements de 2005. Tous les partis devraient l’appliquer.
Depuis le 28 août 2009, une loi anti-terroriste a été promulguée. Elle définit les actes terroristes, les sanctions applicables mais aussi les mesures exceptionnelles préventives et d’investigation pouvant être prises pour lutter contre le terrorisme (arrestations, moyens spécialisés d’écoute, détentions, confidentialité des informations). Cette loi pourrait être mise en application en cas de dégradation de la situation sécuritaire dans une région-Etat due à des mouvements d’opposition armés qui subsistent (7).
Le gouvernement fédéral s’est doté d’un arsenal élargi de mesures qui lui permettront en cas de crise grave de rétablir rapidement la situation.
Perspectives
Le paysage politique à la veille des élections est composé du parti au pouvoir (FPDRE depuis 1991) et d’un grand nombre de partis d’opposition. L’opposition (8) est à ce jour complètement divisée et a peu de chance de retrouver l’enthousiasme de 2005 dont elle n’a, politiquement, engrangé que peu de bénéfices. Une partie de la population semble se désintéresser des débats électoraux et de l’élection.
A quelques jours du scrutin (23 mai), les débats se poursuivent sur les différents médias. Mais on ne devrait pas assister à de grands changements sur la scène politique éthiopienne à cette occasion. Mälläs Zénawi devrait, une nouvelle fois, assurer les fonctions de Premier ministre pour les cinq prochaines années.
Il semble néanmoins clair que « le FPDRE a l’intention de continuer à démocratiser son régime, même si cela doit se faire à sa manière et à son rythme » (9).
1 – Seule la Région-Etat d’Ogaden avait voté dans le courant de l’été afin de tenir compte des spécificités liées au pastoralisme.
2 – Il existe neuf régions-Etats en Ethiopie et deux villes au statut particulier (la capitale Addis Abäba et Dire Dawa).
3 – Les forces de sécurité étaient dépassées, il a été fait appel aux forces de défense nationale éthiopiennes à cette occasion. Elles sont intervenues à hauteur d’un bataillon à Addis Abäba pour la protection des infrastructures gouvernementales et vitales.
4 – Composée de 549 députés élus au suffrage universel direct tous les cinq ans, elle est compétente en matières législative, fiscale et budgétaire.
5 – Composée de 108 membres élus au suffrage indirect par les représentants des régions, elle a essentiellement un rôle de contrôle constitutionnel.
6 – « Electoral Code of Conduct for Political Parties Proclamation », N° 662/2009 du 22/12/2009.
7 – Notamment, le Front de libération Oromo et le Front de libération nationale de l’Ogaden.
8 – Quatre partis principaux se dégagent néanmoins. Il s’agit du MEDREK, de l’EDP, de l’AEUP et de la CUDP.
9 – Patrick Gilkes, « Les élections de 2005 » dans l’Ethiopie contemporaine de Gérard Prunier, page 415.