19.12.2024
Un ennemi sans visage
Tribune
14 mai 2010
Ce succès masque cependant les réalités d’un terrorisme sans visage. En effet, et sans même s’interroger sur le fait que Shahzad a été arrêté après l’attaque (celle-ci ayant pu être un succès), il convient de s’attarder sur un détail troublant. Shahzad étant citoyen américain, toutes les mesures de sécurité aux frontières sont totalement inefficaces. En ce sens, son profil le rapproche plus de Timothy McVeigh, l’homme de l’attentat d’Oklahoma City, que des kamikazes du 11 septembre 2001. De même, l’amateurisme de sa tentative d’attentat, amateurisme qui fut rapidement déterminé par les enquêteurs, éloigne la piste d’un terrorisme planifié, commandité, et presque activé à distance. Shahzad a agi à la suite de rencontres qui ont déterminé son choix, sans aucun doute, mais il a agi seul. Difficile dans ces conditions, et dans des circonstances moins favorables que cet attentat manqué, de pouvoir donner à cet ennemi qu’est le terroriste radical un visage ! Cette association troublante d’amateurisme et du terrorisme transnational est sans doute le plus grand défi sécuritaire actuel et futur, et perturbe les acquis et les certitudes en matière de sécurité et de défense.
Un ennemi sans visage, perdu dans la foule et capable de frapper en tous lieux et en tous temps : de par ses caractéristiques presque effrayantes, le terrorisme transnational soulève des problématiques qui, bien que s’appuyant sur des critères parfois anciens, semblent inédites, et bouleversent les réflexions sur la sécurité. Des interrogations qui restent encore en suspens, tant les efforts restant à accomplir pour comprendre ce phénomène semblent encore immenses. Et pourtant, aucune action entreprise par les pouvoirs publics ne pourra être couronnée de succès sans un tel travail préliminaire.