Rio, ville organisatrice des JO 2016 : un choix géopolitique
Tribune
7 octobre 2009
Les candidatures de Madrid et de Tokyo étaient desservies par le fait que les Jeux avaient déjà été organisés en 2008 et en 2012 en Asie et en Europe. Tokyo avait mis en avant le rôle de catalyseur et d’intégration sociale de son projet, 84% des habitants étaient favorables à la candidature de la ville.
Le niveau de violence urbaine pouvait cependant porter préjudice à la candidature de Rio, mais l’Afrique du Sud avait bien gagné l’organisation de la coupe du monde de football pour l’an prochain malgré une délinquance beaucoup plus forte. Le Brésil en était, en outre, à sa quatrième candidature après celles de 2000, 2004 et 2012. Un nouvel échec aurait pu être perçu comme un affront, d’autant que les Etats-Unis ont déjà accueilli quatre fois les Jeux d’été et autant de fois les Jeux d’hiver. Les deux autres puissances émergeantes des BRIC qui ont une véritable culture sportive, la Chine et la Russie (l’Inde ne rentrant pas dans cette catégorie), ont déjà obtenu leurs Jeux (été 2008 pour Pékin, hiver 2014 pour la Russie). Le Brésil va organiser la coupe du monde en 2014, ce qui donne des garanties en termes d’infrastructures mais peut faire un peu d’ombre à l’événement olympique en tant que tel.
Le tandem Lula-Pelé a emporté la décision. Lula est le seul homme politique en exercice à pouvoir rivaliser en popularité internationale avec Obama. Il est lui-même une star internationale : l’équipe formée avec le roi Pelé, le sportif le plus célèbre au niveau mondial, a parfaitement fonctionné. On mesure l’impact politique des JO en constatant que les chefs d’Etat et de gouvernement des quatre pays candidats étaient présents. Contrairement à ce qui est dit, ce ne sont pas les enjeux économiques qui sont les plus importants. Ils existent, mais c’est surtout la visibilité et le prestige d’être le centre du monde au cours de l’événement le plus médiatisé de la planète qui comptent. Barack Obama a subi une défaite qui risque de réjouir ses adversaires politiques sur le plan intérieur. Mais sa marge de manœuvre était étroite. S’il n’allait pas à Copenhague devant le CIO, on l’aurait accusé d’avoir délaissé la candidature de Chicago et d’être responsable de la défaite. En s’y présentant, il l’a vécue en direct. Et même s’il s’est montré beau joueur, c’est un revers.
Si le CIO veut continuer à rendre les Jeux vraiment universels, il lui faudra prochainement penser à l’Afrique et au monde arabe. C’est sa prochaine frontière.